Dirigé par Kofi Annan, un organisme d’aide à l’Afrique s’installera à Genève
Kofi Annan, président de l’Africa Progress Panel Photo: Keystone
GENEVE INTERNATIONALE. L’Africa Progress Panel veut assurer un suivi du sommet du G8 de 2005 axé sur l’aide au continent.
Stéphane Bussard
Vendredi 25 mai 2007
Alors qu’on célèbre aujourd’hui la Journée mondiale pour l’Afrique, signe du destin, la Genève internationale s’africanise. Un organisme indépendant présidé par l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, l’Africa Progress Panel (APP), va installer prochainement son secrétariat permanent à Genève. Une offre d’emploi parue la semaine dernière dans The Economist révèle que l’APP cherche une personnalité de haut profil pour gérer la structure, qui s’est établie provisoirement à Londres, mais va déménager dans la Cité de Calvin.
Raisons du déménagement
Le 24 avril dernier, les membres de ce panel, Kofi Annan, l’ex-directeur général du FMI Michel Camdessus, le professeur Peter Eigen de Transparency International, Bob Geldhof, fondateur de Band Aid, ou encore Robert Rubin, ex-secrétaire américain au Trésor, et le Prix Nobel de la paix Mohammad Yunus ont lancé l’APP à Berlin.
Chargée de communication pour l’Africa Progress Panel à Londres, Lucy Norton explique les raisons de ce déménagement: *Celui-ci est probablement lié au fait que Kofi Annan habite désormais à Genève. Mais je crois que cela s’explique surtout par la présence de nombreuses organisations internationales qui traitent de l’Afrique.* L’arrivée de ce nouvel organisme montre s’il le fallait encore que Kofi Annan est déterminé à contribuer au rayonnement de la Genève internationale, une ville dans laquelle il a étudié dans son jeune âge. A partir de cet automne, l’ex-secrétaire général de l’ONU va en outre diriger le Forum mondial de l’humanitaire, une fondation qui s’installera dans la Villa Rigot, près de la place des Nations (LT des 18 et 20.4.07).
Présent au G8 en Allemagne
Le calendrier de l’installation de l’Africa Progress Panel à Genève est encore incertain. *Il dépend de la phase de recrutement*, précise Lucy Norton. Une fois le patron du secrétariat permanent de l’APP enrôlé, la structure pourrait engager jusqu’à quatre personnes.
La mission de ce panel? L’idée d’un tel organisme indépendant est née au lendemain du sommet du G8 de Gleneagles, en Ecosse, où le premier ministre britannique, Tony Blair, avait placé l’aide à l’Afrique en tête des priorités. De nombreuses promesses avaient été formulées, et l’APP entend prendre les dirigeants des grandes puissances au mot en vérifiant que ces promesses vont bien être tenues. Lors du lancement de l’Africa Progress Panel à Berlin, Kofi Annan a insisté sur la nécessité de respecter les engagements du monde envers l’Afrique: *L’Afrique a un énorme potentiel et un grand appétit de changement.* Dans un monde globalisé, les nantis ne peuvent pas se permettre de laisser à la traîne un continent entier. Au sommet du G8 de Heiligendamm en Allemagne, qui aura lieu du 6 au 8 juin prochain, l’Africa Progress Panel va rappeler les dirigeants présents à leurs promesses afin que les Objectifs du Millénium soient atteints d’ici à 2015.
*Genève doit devenir un hub africain*
Depuis Gleneagles, des progrès substantiels ont déjà été accomplis. L’aide globale à l’Afrique est passée de 96 milliards de francs en 2005 à 127 milliards cette année. Cette aide comprend surtout une suppression de la dette de 18 pays africains.
A Genève, l’Africa Progress Panel ne sera pas une structure rigide et fermée. Lucy Norton souligne qu’il songe à s’élargir à des personnalités intéressées par l’Afrique, notamment un francophone. Directeur du Club suisse de la presse et observateur de la Genève internationale, Guy Mettan ne cache pas que l’arrivée de cet organisme est bienvenue: *J’ai toujours pensé que Genève devait miser sur l’Afrique. La ville, qui est dans les mêmes fuseaux horaires, n’est pas loin du continent africain et peut devenir un hub pour les Etats africains. D’autant que la Suisse a un bon rapport avec le continent en raison de son absence de passé colonial.* Pour Guy Mettan, si la Cité de Calvin investit aujourd’hui dans l’Afrique, *un continent qui n’est pas perdu, contrairement à la croyance*, elle pourrait récolter gros dans dix à quinze ans.
© Le Temps, 2007 .