En Partenariat avec des Institus Privés : Des universités occidentales "délocalisées" en Afrique
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Les étudiants africains n’ont plus à s’expatrier pour recevoir une formation de bon niveau. Les diplômes obtenus grâce au partenariat entre universités occidentales et instituts privés coûtent cher mais constituent un sésame pour l’emploi.
"J’ai préféré rester à Dakar plutôt que d’aller en France parce qu’à l’Ecole supérieure, je paie dans l’année ce que j’aurais déboursé en un mois pour la même formation à l’étranger." Titulaire d’un brevet de technicien supérieur, Céline Ndiaye ne cache pas sa fierté d’avoir pu terminer ses études dans son propre pays, qui plus est dans un établissement où la qualité de l’enseignement se compare à celle des écoles occidentales. Pourtant, il y a deux ans, Céline voulait coûte que coûte poursuivre ses études en France. Son camarade Baba Akambi, en deuxième année de marketing dans la même institution, plastronne lui aussi : "C’est la qualité du diplôme qui m’a poussé à la choisir", explique-t-il, content d’avoir pu demeurer en Afrique pour étudier.
Ces deux étudiants ont en commun d’avoir été formés dans des écoles dites "délocalisées" d’Afrique francophone. Partout, celles-ci ont le vent en poupe. Elles sont ainsi une bonne dizaine dans la métropole sénégalaise. Même phénomène au Cameroun, en Guinée, au Burkina Faso, au Gabon et au Mali, où les étudiants s’y bousculent. Ces institutions d’enseignement privé ont établi des ententes de partenariat avec des universités ou collèges français, canadiens ou américains, tels l’Université d’Evry Val d’Essonne, la Suffolk University à Boston. Leurs initiateurs sont souvent des Africains diplômés d’universités occidentales, qui ont gardé de bons rapports avec leurs anciens recteurs, directeurs de département ou simples professeurs. Certaines de ces institutions dispensent une partie du programme en Afrique et l’autre au campus principal de l’institution partenaire, selon le grade de l’étudiant. Sinon, des professeurs européens ou américains viennent eux-mêmes dispenser leurs cours dans les capitales africaines. "Un groupe de professeurs de l’université partenaire vient chaque semestre donner leurs cours ici", explique Babacar Guèye, enseignant à l’Université d’Evry Val d’Essonne et directeur de l’Institut supérieur de droit de Dakar, qui en est l’antenne au Sénégal. Même si les modalités d’enseignement différent un peu – moyens techniques obligent – ces établissements délivrent les mêmes diplômes que leur homologues du Nord.
Dans certains pays, leur réputation est telle que les étudiants s’y inscrivent même en sachant que leurs diplômes ne sont pas reconnus par l’Etat, comme c’est le cas au Cameroun pour plusieurs d’entre elles. "J’ai choisi Cambridge College à cause de la discipline et parce que je voulais être bilingue", dit Olivier Wonkam Sukam, étudiant en 3e année de marketing à Douala. "Moi par contre, c’est pour l’ordre, la discipline et le fait que le nombre d’étudiants ici est très réduit comparativement aux universités d’Etat, confie Didier Bellan, étudiant en management dans la même institution. J’avais le souci de maîtriser l’anglais et les diplômes délivrés par Cambridge sont plus crédibles que les diplômes nationaux car reconnus au niveau international."
Le coût de la scolarité, qui représente au Sénégal deux fois le revenu annuel d’un ouvrier, en vaut la peine, selon eux. Répondant aux besoins des entreprises africaines, les diplômés en communication, marketing, gestion ou commerce international – les disciplines les plus courues – trouvent souvent du travail en un tournemain. Le directeur d’une de ces écoles se targue d’avoir placé "plus de 150 étudiants diplômés et immédiatement opérationnels". Un autre affirme que ses étudiants signent même des contrats de travail pendant leur stage… "Il y a peut-être trop d’écoles privées, dit un banquier, mais tout le monde connaît celles qui sont sérieuses et qui ne délivrent pas n’importe comment leurs diplômes."