« A mon avis, si la célébrité en question ne connaît pas vraiment, mais alors vraiment, le candidat et son travail, c’est inutile, affirme Martinelli, et franchement, cela reste vain, même s’il s’agit du meilleur ami de mon père, avec qui j’ai fait une partie de golf une fois. »
Il ne faut pas perdre de vu que les responsables des admissions épluchent des milliers de lettres chaque année. Il est par conséquent difficile de les impressionner. Neher dit avoir reçu des lettres « totalement inutiles », provenant de la royauté. De nombreuses écoles reçoivent des lettres de présidents en fonction ou sortis et plusieurs affirment avoir déjà reçu une lettre de recommandation provenant de Barack Obama ; elle n’a pas reçu plus d’attention qu’il n’en fallait, révèle Martinelli, mais elle était bien écrite.
Liz Riley Hargrove, vice doyen des admissions au Fuqua School of Business de l’Université Duke, se souvient de lettres envoyées par Jodie Foster (pour un secrétaire particulier), Spike Lee (pour régisseur de plateau) et Bill Clinton (pour un assistant de campagne). Par coïncidence, tous ces candidats ont été reçus, dit-elle. Mais au-delà de « l’intérêt personnel », les lettres provenant de stars du cinéma ne disent pas grand-chose aux membres du comité. Par ailleurs, le vice doyen chargé des admissions en MBA au Marshall School of Business de l’Université de Californie du sud, Keith Vaughn, révèle que les lettres rédigées par les célébrités peuvent constituer une entrave parce qu’elles doivent être sorties du lot et envoyées au doyen pour révision, ce qui ralenti la procédure.
Du reste, la pertinence d’une lettre de recommandation se mesure d’abord à la connaissance qu’a le répondant des informations relatives au candidat. La majorité des écoles exige deux lettres de recommandation, dont une, au moins, provient d’un superviseur avec lequel le candidat a entretenu des contacts professionnels. En plus, beaucoup d’écoles invitent les répondants à remplir un questionnaire, au lieu d’envoyer une lettre formulaire. En général, il faut plus d’une heure pour rédiger une lettre de recommandation, et plus encore pour les lettres qui se distinguent vraiment.
Plus le répondant a à dire sur vos réalisations, mieux cela vaut pour la demande. Il est également important de s’adresser à un assez bon rédacteur et de s’assurer qu’il dispose du temps nécessaire pour parler de vos compétences en leadership à différentes écoles, sans inverser leurs noms, ce qui arrive souvent. Pour faciliter la tâche aux répondants, certains candidats s’adressent à différentes personnes pour chaque école. Trouver plusieurs répondants n’est pas tâche facile, certes, mais le résultat en vaut la peine.
Deuxième étape : la perfection
Une fois vos répondants trouvés, invitez les à déjeuner ou pour un café. Faites le assez tôt, afin de pouvoir bien leur expliquer ce que vous attendez d’eux. N’oubliez surtout pas de leur demander s’ils ont du temps à vous consacrer, conseille Neher. S’ils ne sont pas vraiment prêts à chanter vos louanges, cette question leur offre « une belle échappatoire. »
Prenez votre curriculum vitae avec vous, et une liste détaillée de vos réalisations, en vous gardant bien de faire des phrases complètes ou de remettre des rédactions. Vous pourriez être tenté de supprimer les segments non corrigés. Un texte retouché est facilement détectable par les responsables des admissions, prévient Julie Strong, directeur adjoint, chargée des admissions en MBA au Sloan School of Management de l’Institut de technologie du Massachusetts. En effet, une restitution linéaire des sujets de discussions abordés précédemment est « vraiment préjudiciable », continue-t-elle. « C’est comme plagier votre propre travail. »
Pendant l’entretien avec votre répondant, fournissez lui également des informations sur l’école que vous visez. Neher conseille à cet effet d’imprimer l’énoncé de mandat de l’école afin de montrer au répondant les qualités sur lesquelles il doit insister pour faire vous le candidat idéal.
Situations inhabituelles
Si vous ne pouvez pas avoir une lettre parfaite, ne perdez pas espoir. La majorité des recommandations sont impressionnantes, mais d’autres aussi sont négatives ou carrément bizarres. S’adressant au Darden School of Business, un répondant a fait référence à des parents embarqués à bord du Mayflower. Un autre, un Cambodien, a mentionné la naturalisation d’Angelina Jolie dans son pays.
Dans la plupart des cas, pour une raison ou une autre, les candidates ne peuvent simplement pas à suivre à la lettre les suggestions des comités d’admission. Aujourd’hui en deuxième année à Mendoza, Keith Flatley était capitaine de l’armée américaine à Tikrit, le lieu de naissance de Saddam Hussein, quand il a décidé de déposer une demande dans une école de commerce. Il savait que ses répondants, tous en Irack, n’auraient pas suffisamment de temps pour répondre aux nombreuses questions des écoles. « Si vous avez le choix entre écrire à votre famille ou rédiger une lettre de recommandation, vous choisirez à coup sûr votre famille, confie-t-il. » Finalement, il a obtenu ses lettres de ses aumônier, commandant de compagnie et major.
Steve Misuraca, en deuxième année de MBA à Fuqua, se trouvait aussi dans une situation délicate. Il occupait de hautes fonctions dans l’entreprise familiale – son seul supérieur direct était son père, et les écoles ne croient absolument pas à l’objectivité des lettres rédigées par les membres de la famille. Certains étudiants postulent à des programmes de MBA sans en informer leur employeur. Ils ne peuvent donc pas leur demander de lettre de recommandation et certains préfèrent même s’en passer. Dans ces cas, la majorité des écoles offrent au candidat l’occasion de fournir une autre rédaction expliquant toute imperfection dans les lettres. Misuraca a finalement obtenu des recommandations de collègues avec qui il ne partage pas le même ADN.
Aussi, il y a de fortes chances, si votre dossier est pertinent, que l’école vous recrute sans se préoccuper du contenu de la lettre. Un CV consistant est toujours plus important que les platitudes d’un superviseur, fusse-t-il directeur général. Enfin, compte tenu du caractère de plus en plus sélectif des programmes de MBA, il est de bon ton d’avoir une deuxième corde à son arc, soit, une lettre de recommandation sincère, bien rédigée et personnalisée, provenant d’une personne qui disposent d’informations de choix sur vos réalisations. Et, admettons le, cela fait toujours du bien qu’elle provienne de Barack Obama.
Source: BusinessWeek