Congolais, Camerounais, Nigerains, Togolais… : Le Burkina intègre ses africains
Source : http://www.24heuresci.com
Difficile de distinguer l’étranger africain noir parmi les Burkinabè. Au « pays des hommes intègres », les services d’immigration sont moribonds . En leurs lieux et places, existent des services d’Intégration qui s’attèlent à diluer les « Communautés sœurs » dans la rivière de Burkinabè. Une façon d’ouvrir les bras à l’extérieur qui tend à faire du Burkina Faso la nouvelle destination des immigrants d’Afrique noire.
Combien d’étrangers vivent-ils au Burkina Faso ? Peut-être deux millions, peut-être trois.
La question ne semble pas préoccuper, pour l’instant, l’administration Burkinabè.
Les services officiels du Burkina Faso n’ont pas une idée claire des étrangers vivant sur leur sol.
Par contre, l’Etat affiche beaucoup de volonté lorsqu’il s’agit d’intégrer les communautés étrangères.
Crée dans cet objectif, la Commission Nationale de l’Intégration (CNI), une structure rattachée au ministère des Affaires étrangères et de la coopération régionale, œuvre depuis 1993 à l’interpénétration de toutes les communautés vivant au Burkina Faso.
Chaque année, depuis 1998, cette commission organise la journée des communautés.
Véritable occasion de partage culturel entre les « communautés sœurs » et les Burkinabè.
« On ne dit jamais étrangers.
On préfère dire communauté togolaise ou congolaise.
C’est moins péjoratif », précise le Secrétaire Permanent de la CNI, Jamanou Lompo.
« En réalité, plusieurs membres de ces communautés vivent ici comme des Burkinabè.
Seuls ceux qui veulent participer à la vie politique dans leur pays se font enregistrer dans leurs ambassades», explique M.
Lompo.
En effet, plusieurs originaires de la sous région, implantés au Burkina Faso n’ont aucune gêne à se comporter en véritables nationaux.
Gbadamanssi Moutiou Baba Tundé, Secrétaire Général adjoint de la communauté Nigériane est née au « pays des hommes intègres », il y a un peu plus de 40 ans.
Parlant le Moré mieux que n’importe quel burkinabé, il transpire toute la culture de son pays d’adoption.
« Mon frère aîné était dans l’armée Burkinabè.
Il vient de prendre sa retraite », témoigne-t-il.
Le vieux El Hadj Ali Gaziré, Chef des Haoussa au Burkina Faso, est lui aussi retraité de la fonction publique Burkinabè.
Autant elle est intégrée, autant la communauté Nigériane grossit.
« Nous avoisinons 1million et demi sur l’ensemble du territoire », affirme Baba Tundé qui ajoute que cette communauté qui se sent chez elle au Burkina Faso est installée depuis des lustres.
Mais elle connaît une forte croissance au cours de ces dernières années parce que selon lui, les artisans et les commerçants Nigérians sont surtout attirés par la paix et la stabilité.
« Les Ghanéens ne sont pas étrangers au Burkina Faso », clame, à son tour, sans sourciller, le Secrétaire aux affaires sociale de la Communauté Ghanéenne, Martins Kumah Fly.
Selon lui, la Communauté Ghanéenne, l’une des plus anciennes au Burkina Faso, va grandissant parce que les Burkinabè savent ouvrir les bras aux autres.
« Chaque jour, environ 500 Ghanéens vont et viennent entre le Ghana et le Burkina Faso ».
N’empêche, une Communauté Ghanéenne estimée à plusieurs centaines de milliers est établie au « pays des hommes intègres », même si officiellement environ vingt trois milles seulement, sont recensés par les services consulaires.
Peuple accueillant Les Burkinabè, en effet, ont l’hospitalité dans leur culture.
« Pig roog n’kon saana, bass yi gand yinga » (Nettoyer sa chambre pour l’étranger et aller dormir dehors), conseil l’adage Moaga.
« Nous n’avons jamais été inquiété ici.
Les Burkinabè savent qu’ils ne peuvent pas abuser d’un étranger, car l’Etat et la société Burkinabè ne tolèrent pas cela », affirme Kumah Fly.
«Depuis toujours lorsqu’un étranger est en conflit avec un Burkinabè, il est assuré d’avoir tort à priori.
L’étranger bénéficie systématiquement de la solidarité des autres Burkinabè », explique Dianta Hatté, jeune Burkinabè, promoteur du Yif Menga « Sois toi-même », un espace culturel d’intégration des communautés étrangères vivant au Burkina Faso.
Le Yif Menga organise des activités culturelles ou chaque groupe s’exprime à travers son art culinaire, vestimentaire, musical etc.
C’est assurément l’un des cadres formels d’intégration des Européens.
Dans la vie de tous les jours, on peut voir les Burkinabè reconnaître un étranger, lui demander ce qu’il cherche et se rendre disponible pour le conduire.
« Quand un de nos compatriotes se retrouve au commissariat ou à la gendarmerie, quelque soit la raison, il n’est pas rare de voir le commissaire ou le commandant nous appeler pour venir régler le problème.
En général, quand il ne s’agit pas de crime, le problème se règle à l’amiable », explique, Casimir Yoro Séhé, président de la Communauté ivoirienne au Burkina Faso.
Une approche humaniste des problèmes devant lequel Casimir Yoro reste admiratif.
Malgré la tension en Côte d’ivoire consécutive à la guerre, le président des ivoiriens du Burkina Faso est formel : « les relations de fraternité sont toujours aussi fortes ».
Il reconnaît que sur une communauté d’environ mille cinq cent personnes, dont huit cent officiellement recensés, plusieurs dizaines ont pris le chemin du retour craignant les conséquences de la guerre en côte d’ivoire.
Les autorités Burkinabè rapporte-t-on ne jouent guère avec la préservation des bons rapports avec la Côte d’Ivoire.
«A la suite d’une marche sur notre ambassade à Abidjan, un petit parti d’opposition avait projeté de marcher sur l’ambassade de Cote d’Ivoire à Ouagadougou.
Les autorités municipales se sont opposés avec un arsenal impressionnant pour disperser les manifestants », raconte un Burkinabè qui dit attendre l’avènement de la paix pour retourner « en Côte ».
En attendant les boites de nuits et les restaurants ivoiriens qui ont une grande notoriété à Ouagadougou comme le Jimmy’s, Aboussouan, Akwaba, Gazeta etc.
continuent de rassembler ivoiriens et Burkinabè.
De la même façon, les camerounais de Ouagadougou se retrouvent au « Taxi brousse » ou au « Mont Cameroun ».
Une communauté de fonctionnaires internationaux, mais surtout d’artiste qui a le contact facile et qui cohabite sans accroc avec les Burkinabè, selon le président de la Communauté Isaac Dumbé.
Personne ne sait combien de Camerounais vivent au Burkina Faso.
Une chose est sure, leur nombre va croissant chaque jour.
Cependant pas plus que les Centrafricains et les ressortissants des autres pays d’Afrique centrale.
Les Congolais, les Zaïrois, les Rwandais, etc.
sont des peuples relativement nouveau au Burkina Faso.
Même si certains font de ce pays, un lieu de transit, plusieurs parmi eux s’y installent.
Officiellement dix huit communautés Africaines sont significativement présentes au Burkina Faso.
D’autres sont nombreuses : les Nigériens, les Maliens, les Sénégalais, les Mauritaniens, les Tchadiens etc.
D’autres sont encore en pleine croissance : les Béninois, les Togolais, les ressortissants des pays d’Afrique centrale.
Lors de la dernière édition de la journée des communautés, cent parcelles leur ont été offertes par l’Etat Burkinabè.
« Notre souci est d’intégrer les communautés sœurs afin qu’elle participe au tissu économique », explique le Secrétaire Permanent de la CNI, Jamanou Lompo.
Si en 2003 le thème était « La contribution des communautés au développement du Burkina Faso, cette année, elle a porté sur la contribution de la culture des communautés à leur intégration.
Les communautés elles-même conscientes de leur image et de leur apport à leur pays hôte ne manquent pas d’initiatives.
Les Ghanéens par exemple, ont réussi à faire rapatrier leurs sœurs qui pratiquaient « le plus vieux métier de la terre ».
Celles qui ont souhaité se reconvertir ont été réinsérées dans des centres de formation en couture et en coiffure.
Une sensibilisation est constamment menée, selon Martins Kumah Fly, pour éviter que le nom des Ghanéens soient associées aux activités illégales.
Mieux, la communauté Ghanéenne envisage une activité sociale pour contribuer à la salubrité à Ouagadougou, cette année.
Les Nigérians également ne veulent pas être identifiés par activités d’escroqueries de certains de leurs compatriotes.
Aussi, seules les personnes exerçant une activité régulière sont acceptées comme membres de leur communauté.
Parfait KOUASSI, Avec la collaboration de l’Institut Panos et de l’Union Européenne, « Média pour la paix en Afrique »