Congo-Kinshasa: Jacques Diouf voit en la RD Congo une puissance agricole en devenir
Le Phare
23 juillet 2007
Freddy Kilubi
Vu d’ énormes potentialités agricoles qu’elle regorge, la Rdc devrait être comptée parmi les puissances agricoles du continent africain voire du monde. Mais malgré ses atouts, un paradoxe affole les statistiques : le Congo reste à l’instar d’autres pays du continent noir, confronté aux problèmes de l’alimentation.
C’est dans cette perspective que le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), docteur Jacques Diouf était en visite de travail en RDC, en vue de relancer la production agricole chez ce géant de l’Afrique centrale.Arrivé à Kinshasa le jeudi 19 juillet, le directeur général de la FAO s’est entretenu le vendredi avec le ministre d’Etat à l’Agriculture, Pêche et Elevage, François-Joseph Mobutu Nzanga, dans son cabinet de travail.
A l’issue de cet entretien, Diouf a indiqué que sa visite avait pour objet de soutenir le gouvernement congolais pour avoir accordé une place de choix à l’agriculture dans son programme.
« Le Congo est un pays qui regorge de beaucoup de potentialités, avec ses 80.000 hectares de terres arables et une immense réserve forestière, avec ses plus de 50% de réserves en eau potable autant de conditions favorables pour permettre à ce pays de relancer son économie à partir du secteur agricole », a-t-il fait observer avant d’ajouter : « Nous voulons par cette présence soutenir les efforts du gouvernement dans le secteur agricole. Nous sommes prêts à partager avec la Rdc les expériences d’autres pays qui ont réussi dans ce domaine ».
Pour ses activités en Rdc, la Fao intervient à plus de 45 millions de dollars US, répartis en deux volets : 23.923.828 $ US pour le programme agricole d’urgence et 21.614.421$ US au projet d’appui et de développement.
Les taxes, une barrière à la relance agricole
A ce jour, la production agricole en Rdc présente un déficit de 249 millions de dollars. Pour le DG de la FAO, la meilleure manière d’éviter ce déficit, c’est de produire. La production quant à elle comporte un certain nombre de préalables, en l’occurrence la prise des mesures incitatives, c’est-à-dire la suppression de certaines taxes, le réaménagement des infrastructures de desserte agricole et la mise en place d’un Code agricole.
Mobutu Nzanga prêt à inverser la tendance
Le ministre d’Etat à l’Agriculture dont d’ambition est de faire de son secteur, le fer de lance de l’économie congolaise, ne ménage aucun effort pour parvenir à ses objectifs. Il a souligné la volonté du gouvernement de tenir l’engagement pris à Maputo (Mozambique), comme d’autres pays de la Sadc: consacrer 10 % de son budget à l’agriculture.
Quant à lui, il entend donner une nouvelle impulsion dans ce secteur vital du pays. « Nous voulons inverser la tendance en mettant en place un Code agricole qui contribuera à assouplir la fiscalité dans le secteur agricole », a-t-il affirmé, précisant qu’il « faut une vision qui permet au pays de se retrouver sur le marché international, avec des produits tels que café, huile de palme, caoutchouc, coton, etc ».
Elu en 1993, Jaques Diouf avait bénéficié du soutien du Zaïre du feu maréchal Mobutu pour son élection à la tête de cet organisme onusien. C’est pour la troisième fois qu’un directeur général de la FAO visite la Rdc.
Des bourses d’études pour des experts congolais
Le directeur général de la Fao, accompagné d’un groupe d’experts de cet organisme, a eu une séance de travail avec le ministre d’Etat à l’Enseignement supérieur et universitaire, Sylvain Ngabu, les secrétaires généraux et les conseillers de quelques ministères liés à l’agriculture, le vendredi soir, au Salon Rouge du ministère des Affaires Etrangères.
La coopération technique entre la Rdc et la Fao a été largement évoquée au cours de cette réunion . C’est sur cette lancée, que cet organisme entend octroyer des bourses d’études agricoles aux experts congolais, afin de renforcer leurs capacités dans la production agricole, animale et piscicole, a indiqué Dr. Diouf.
J. Diouf chez Antoine Gizenga
Le Dg de la Fao a été reçu samedi matin à l’hôtel du gouvernement par le Premier ministre Antoine Gizenga.
Comme partout où il est passé, la coopération a été au centre des discussions.
Diouf a souligné l’importance du rôle que peut jouer la Rdc au niveau africain. Car, précise-t-il, 30 % de la population de ce continent sont sous alimentés. « Il est important pour la Fao de relancer la production agricole en Rdc pour pallier cette insuffisance. Pour cela, le rôle du Premier ministre et des ministères comme l’Environnement, Affaires Etrangères, Finances, Budget et Transports est important », a-t-il affirmé.
Toutefois, a souligné Jacques Diouf, la Fao est là pour appuyer le programme que le gouvernement va élaborer dans ce domaine, le pays étant un Etat souverain.
Didace Pembe plaide pour la relance de l’école de foresterie de Yangambi
L’occasion faisant le larron, le ministre de l’Environnement a profité de la visite du DG de la Fao dans son cabinet pour exposer un certain nombre de problèmes auxquels son Ministère est confronté. Lesquels, si on n’y prend garde, peuvent mettre en péril les écosystèmes dont regorge le pays.
En effet, a-t-il noté, parmi les éléments dévastateurs des écosystèmes forestiers figurent principalement les perturbations anthropiques parmi lesquelles, l’agriculture sur brûlis, la recherche du bois de feu et l’exploitation illégale des produits forestiers non ligneux.
Conscient de la gravité de la situation et soucieux de gérer la forêt à bon escient, Didace Pembe a sollicité l’intervention de la Fao pour la mise sur pied d’un projet de valorisation des populations riveraines et des peuples autochtones en vue de faire émerger leur « savoir-faire » pour la protection et la conservation des écosystèmes forestiers fragiles, la mise en oeuvre du code forestier dont les mesures d’application en cours d’élaboration sont vivement attendues et la mise en route de la stratégie de relance de l’enseignement forestier, (Ecole de foresterie de Yangambi), pour une mise en application effective de la gestion durable des ressources forestières.
Dans le même ordre d’idées, le ministre de l’Environnement a plaidé aussi pour que la Fao assure la promotion de l’écotourisme et l’élaboration d’un code d’hydrographie, afin que les eaux du fleuve Congo qui se déversent dans l’océan soient commercialisées.
En somme, Didace Pembe a soumis au dg de la Fao quelques points de réflexions, afin d’intensifier le partenariat.
Répondant à une question sur les aires protégées, le ministre de l’Environnement croit dur comme fer, qu’il faut privatiser leur gestion, afin non seulement de les réhabiliter, mais aussi de les préserver et de susciter un engouement de chez les investisseurs.