L’expérience montre que la majorité des écoles essaient de réaliser leur effectif en engageant le maximum de candidats possible dans le premier tour d’admission. Le dernier tour permet alors de compléter la classe et faire de la promotion entrante un groupe aussi impressionnant et varié que possible.
Le niveau de compétitivité, dans ce cas, dépendra surtout du nombre de candidatures retenues dans les premiers tours d’admission, qui, eux-mêmes, varient d’une année à l’autre et d’une école à l’autre, révèle Randall Sawyer directeur des admissions à Johnson School de l’Université Cornell. Si l’effectif de départ est consistant, il y aura certainement moins de places à compléter à travers le dernier round, ce qui pourrait relever le niveau de compétition. Par contre, si peu de candidats sont reçus, il y aura plus de vides à combler et le tour final pourrait être moins sélectif que dans le premier cas.
Le fait que les écoles ignorent le nombre exact de candidats inscrits au dernier tour ne devrait pas décourager les postulants. Le taux de sélectivité de l’Université Cornell était de 19% l’année passée, et à la quatrième opportunité d’admission, 33 candidats sur 263, soit 12,5% des prétendants, ont été retenus. Ces statistiques sont certes faibles, mais pas décourageantes. Sherry Wallace de l’UNC, soutient : « j’irai jusqu’à dire que même une demande d’admission déposée en retard a de bonnes chances d’être considérée favorablement. L’objectif final est de retenir les meilleurs candidats, et ceci est plus important que récompenser la ponctualité ou sanctionner le retard de leurs demandes. »
Est-il possible que toutes les places soient prises avant l’expiration du délai du dernier tour d’admission ?
C’est tout a fait possible. Sherry Wallace de l’UNC reconnaît que cela ne s’est produit que quelques fois au cours de la décennie passée. Mais toutes les écoles conviennent qu’au lieu de considérer ce scénario improbable, s’assurez d’être le meilleur candidat est le critère qui fera presque toujours la différence, quelque soit le retard accusé.
Ai-je plus de chance en déposant ma demande au dernier tour ?
Cela dépend. Certains programmes évaluent les demandes par ordre d’arrivée, d’autres attendent l’expiration du délai de dépôt de dossier pour commencer une évaluation globale. Il revient donc aux candidats de s’informer sur l’approche de chaque école. Cornell et Cox School of Business de l’Université méthodiste du sud examinent les demandes par ordre d’arrivée et accordent leurs premières décisions d’admission (ou invitations pour une interview) aux premiers dossiers de candidature. Ainsi, pour ceux qui ont choisi des écoles comme Cornell, faire partie des premières candidatures est un gros avantage, puisque le facteur temps fait déjà une bonne partie du tri.
« En tant que professionnel, mon avis est que le plus tôt est le mieux », conseille Brian Lohr de Mendoza. « C’est exactement comme faire une réservation pour un vol, à la seule différence que plus vous attendez pour vous décider, moins vous avez de chances d’être compétitif. »
Patti Cudney, directrice des admissions à Cox est du même avis. Elle précise cependant qu’un dossier complet offre la meilleure garantie de ne pas tomber dans la pile des candidatures rejetées. Elle conseille donc de déposer la demande uniquement lorsqu’on est sûr d’avoir réuni tout le nécessaire. Pour Cudney, « Déposer sa demande suffisamment tôt lorsque l’occasion se présente, n’offre pas automatiquement plus de chance d’être admis. Si vous vous précipitez, sans prendre la peine de mettre toutes les chances de votre côté, vous risquez d’être un candidat indésirable. »
Un licenciement récent compromet-il vos chances lors du round final ?
Avec les centaines de milliers d’employés mis à la porte ces derniers mois, de nombreux candidats se sont retrouvés dans cette situation cette année. Les écoles contactées par BusinessWeek rassurent que cela ne compromet en rien leurs candidatures. « S’il s’agissait d’une année sans licenciements répétés, nous tirerions la sonnette d’alarme. Mais plusieurs futurs étudiants sont des employés déçus » soutient Sawyer de Cornell. Sachez donc que vous n’êtes pas seul.
Cependant, vous ne bénéficiez pas non plus d’un traitement de faveur. Le véritable défi pour ces candidats est de présenter les raisons pertinentes qui les poussent à solliciter un programme de MBA. Ils doivent justifier (outre les raisons évidentes), leur désir de retourner dans une école de commerce et leur demande ne doit pas donner l’impression qu’ils cherchent une roue de secours.
Les écoles recherchent des candidats qui envisagent avec sérieux la façon dont leur programme de formation contribuera à l’avancement de leur carrière professionnelle, et elles font facilement la différence entre un candidat réellement motivé et un autre qui s’est lancé dans ce projet faute de meilleures options. Sawyer conseille aux candidats licenciés de remplir la case « Optional essay » du formulaire de Cornell, afin de présenter leur situation et justifier la pertinence d’un diplôme de commerce à ce moment précis.
Quels types de candidats les écoles recherchent-elles dans les derniers rounds ?
Les dernières offres d’admission servent de « bouche trous » à plusieurs écoles. Tout dépend donc du type d’étudiants retenus lors des premières admissions. Si vous êtes vidéo présentateur des ventes dans une moyenne entreprise de fabrication, que vous parlez chinois et parallèlement avez des ambitions de romancier, cela ne joue pas en votre faveur si l’école compte déjà quelques douzaines de candidats avec le même profil. Mais si vous êtes le seul, vos chances augmentent de façon exponentielle. Alors tâchez de vous distinguer. Le haut niveau de compétitivité donnera la part belle aux candidats qui ont des histoires intéressantes à raconter. Au cours des dernières années, Notre Dame a reçu, parmi les candidats admis en dernier lieu, un ancien joueur de Bengale de Cincinnati (avec en plus l’un des meilleurs GMAT et un diplôme de premier cycle obtenu à Wharton) et un Army Ranger.
Surtout, ne vous sous-estimez pas, même si vous n’avez pas une trajectoire professionnelle exceptionnelle. Vous avez peut-être été confronté à des défis particuliers ou avez participé à des activités qui vous distinguent des autres. Gardez toujours à l’esprit les valeurs que l’école de votre choix chérit et constituez votre demande en conséquence. A Notre Dame, par exemple, nous recherchons premièreenmt des candidats attachés à la tradition de notre école et conscients de l’importance cardinale que revêtent l’éthique et l’excellence académique. En toute chose, assure Lohr, nous recherchons des candidats expérimentés.
Une certaine catégorie de candidats bénéficie de certains avantages : les étudiants internationaux qui ont les moyens de s’inscrire. Malgré le nombre impressionnant de demandes locales, le nombre de demandes provenant de l’étranger a chuté pour plusieurs programmes cette année, en raison du manque d’opportunités de prêt viables et de l’instabilité du dollar. De plus, certains programmes ont des difficultés à trouver des étudiants étrangers pour compléter l’effectif de leurs classes. Alors si vous êtes un étudiant étranger performant capable de supporter les frais de formation, vos chances sont plus que prometteuses dans les derniers rounds.
Les écoles offrent-elles des bourses de recherche et des bourses d’étude dans le round final ?
Vous le saurez en vérifiant dans le programme, car cette option varie beaucoup. Cornell, par exemple, n’a jamais mis de bourse à la disposition des candidats du dernier tour d’admission, mais cette année pourrait très probablement constituer une exception. En effet, « nous nous sommes rendus compte que certaines personnes se trouvent dans des situations (comme un licenciement) telles qu’une bourse de 10.000 ou 20.000 dollars serait salutaire », rassure Sawyer. Il ajoute que ces offres seront accordées uniquement sur la base du mérite. Mendoza, par contre, a toujours offert des bourses d’étude, sans tenir compte de la période d’admission du candidat.
Un rejet lors du round final compromet-il vos chances si vous relancez votre demande ?
Tous les directeurs d’admissions interrogés ont répondu NON à cette question. Mais elle mérite tout de même d’être posée, car certains programmes ne sont pas aussi indulgents, répond Wallace de l’UNC. Dans nombre d’écoles, un échec lors de la première tentative ne vous condamne pas à choisir une autre institution. Lohr de Mendoza soutient : « j’ai connu de nombreux étudiants qui ont relancé le processus de candidature et ont finalement été admis avec brio. »
L’école rend-elle compte des raisons de son refus en cas de rejet d’une candidature ?
Certaines le font, d’autres pas. Et même les programmes qui renvoient un feedback le font généralement à la demande du candidat. En principe, ce devrait être votre première question lorsque vous hésitez à déposer votre demande aussi tard. Après tout, si vous devez dépenser près de 200 dollars de frais de candidature, il vaut mieux savoir si vous recevrez un feedback, qui pourrait s’avérer très utile lors de la constitution des demandes pour l’année d’après, en cas d’échec à cette tentative. Si vous avez participé en vain au quatrième round, nous nous entretiendrons avec vous pendant une demi heure, annonce Sawyer de Cornell. Dans ce cas également, précise-t-il, le candidat doit en avoir fait la demande. « De nombreux candidats confessent, « vous m’avez été d’une aide précieuse », et ils finiront par être retenus s’ils se représentent, ajoute-t-il. » Alors, même si vous décidez de vous présenter au tour d’admission final et ne l’obtenez pas, vous pouvez toujours revenir l’année suivante.
Source: BusinessWeek