Des étudiants ivoiriens livrés à eux-mêmes
Leurs bourses ne sont plus versées depuis près d’un an.
Des étudiants ivoiriens de l’Université Laval, comme Ali Fofana, craignent d’être abandonnés par les autorités de leur pays. Québec Hebdo
Huit étudiants de l’Université Laval (UL) font partie du programme d’échange du gouvernement de la Côte d’Ivoire. Celui-ci prend en charge l’assurance maladie et les frais d’études ainsi qu’une bourse de 830$ par mois pour chaque étudiant. Depuis 11 mois cependant, ces aides ne sont plus versées à cause des difficultés financières en Côte d’Ivoire, plongeant ces étudiants dans une situation précaire.
Ali Fofana, étudiant à la maîtrise en études internationales, explique que son mode de vie a complètement changé: «Je dois travailler, alors j’ai moins de temps pour les études. Et puis j’ai toujours l’esprit occupé avec ça, je suis moins concentré.» Ali se heurte à d’autres difficultés. Son permis d’études ne lui offre pas la possibilité de travailler hors campus, alors que son statut de boursier lui interdit l’accès aux subventions Emplois Campus, un programme d’aide pour les étudiants étrangers qui payent des frais de scolarité majorés.
Il estime que sa situation est invivable: «Je suis limité dans les possibilités de travail, je gagne 280$ par mois. Ça me permet de payer ma chambre, mais après je n’ai plus rien pour manger. On est au bout du rouleau.»
De son côté, l’Université Laval ne touche plus les frais de scolarité de ces étudiants. Des discussions sont en cours pour essayer de sortir de l’impasse, et selon Patrick Bissonnette, coordonnateur d’opérations au bureau d’accueil des étudiants étrangers, l’UL pourrait exercer plus de pression sur l’ambassade de Côte d’Ivoire, habituellement chargée de payer ces frais.
Ali Fofana dénonce de son côté le manque de communication entre l’ambassade et ses boursiers: «On ne peut plus leur parler, toutes leurs lignes sont coupées.»
Les étudiants craignent de subir des mesures drastiques, comme c’est le cas pour un étudiant ivoirien de l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui a été désinscrit de son programme de PHD en physique. Or s’il n’est plus inscrit, son permis d’études n’est plus valable et il devra retourner dans son pays.
«On espère ne pas en arriver là, mais de toute manière, si ça ne se règle pas, nous sommes plusieurs à envisager d’abandonner les études et de retourner en Côte d’Ivoire.» affirme Ali Fofana.
Un collectif regroupant tous les Ivoiriens boursiers au Québec a été formé depuis le gel des bourses. Ils ont alerté les autorités du Québec de la situation, pour tenter de trouver une solution durable au problème.
Après une manifestation début janvier devant l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ottawa, les étudiants ivoiriens envisagent d’investir les locaux de l’ambassade à la fin du mois si aucune solution n’est trouvée d’ici là. «On assumera les conséquences, mais on est déterminés à le faire. On ne peut plus continuer comme ça.» explique Ali Fofana.
Québec Hebdo
par Adrien Meure, collaboration spéciale
Article mis en ligne le 21 janvier 2009
Source: http://www.quebechebdo.com