Université de Yaoundé I : Des étudiants continuent de réclamer la prime à l’excellence
Ils ont manifesté vendredi dernier devant leur rectorat, avant de se rendre au ministère de l’Enseignement supérieur.
Oumarou Bouba, le recteur de l’université de Yaoundé I, est parti de son bureau vendredi dernier sous les cris et les huées de certains étudiants de son institution.
Ce 23 juillet 2010, il est 12 h 30, et des étudiants en maîtrise d’histoire arrivés deux heures plus tôt ne cessent de crier aux policiers et vigiles qui les surveillent : « Nous voulons voir le recteur. C’est à lui de nous répondre, cessez de nous prendre pour des gamins, publiez nos requêtes ! ». Ceux-ci, environ 40, réclament la publication des résultats des requêtes qu’ils ont adressées au recteur de l’université de Yaoundé I pour l’obtention de la prime de l’excellence universitaire promise par Paul Biya, le président de la République, en décembre 2009. Quelques minutes après, Oumarou Bouba sort de son bureau, accompagné de deux gendarmes, et rencontre les manifestants à qui il déclare : « Je vous ai déjà envoyé l’information, allez la chercher. Vous devez attendre, car la procédure suit son cours ». Il emprunte aussitôt son véhicule pour une destination inconnue. Le groupe d’étudiants continue à attendre, puis se décident de prendre la direction du ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup), pour rencontrer Jacques Fame Ndongo, le ministre.
Une fois au ministère, après avoir demandé une audience pour rencontrer Jacques Fame Ndongo, « nous avons été reçus par un responsable qui nous a expliqué qu’un compte a été ouvert par le Minesup pour le payement des primes, mais qu’il nous fallait attendre que toutes les listes soient analysées », indique le nommé Obama (c’est le seul étudiant qui a accepté de décliner son identité), qui mène le groupe. Selon Jean-Paul Mbia, le chargé de la communication du ministère de l’Enseignement supérieur, « le ministre a prescrit aux recteurs des sept universités d’Etat d’ouvrir des comptes et d’analyser toutes les requêtes. A Yaoundé I, ils sont près de 11. 000 éligibles à cette prime, je crois qu’il faut attendre, car la procédure suit son cours. Il faut que toutes les requêtes soient étudiées par les universités, qui jouissent d’une autonomie managériale. Ceux qui manifestent sont des étudiants pressés, qui ont un relent de syndicalisme et d’insurrectionnisme avec, en arrière-fond, l’Addec [l’Association pour la défense des droits des étudiants, ndlr] ».
Le payement de cette prime, qui s’élève à 50. 000 Fcfa par étudiant a débuté le 10 juillet dernier. Ces étudiants en maîtrise d’histoire font partie des 4000 environ qui, selon des sources proches du rectorat, ont déposé des requêtes à l’université de Yaoundé I pour les primes. Ils estiment qu’ils la méritent, mais leurs noms ne figurent pas sur les listes des bénéficiaires publiées par le ministère de l’Enseignement supérieur. « Nous avons adressé des requêtes à l’université de Yaoundé I, mais nous n’avons toujours pas de réponse, alors que les primes sont en train d’être payées. Après, on nous dira que l’argent n’est plus disponible », se plaignait, courroucé Obama, vendredi dernier.
Ateba Biwolé
Université de Yaoundé II : Des problèmes de noms persistent sur les listes
Depuis le 10 juillet 2010, le paiement des primes de l’excellence universitaire est effectif à l’université de Yaoundé II (Soa). Sur le campus, le calme règne. Rien sur les lieux n’indique que des étudiants perçoivent de l’argent. 6000 étudiants sont éligibles à la prime d’une valeur de 50 000F. Les critères de sélection font l’objet d’interprétations diverses. Pour rentrer en possession de son dû, l’étudiant éligible doit se présenter au guichet indiqué avec sa carte d’identité et son reçu de paiement de droits universitaires pour l’année 2008-2009. Aucun problème n’a été signalé de la part des guichetiers. « Je n’ai aucun problème, si l’étudiant remplit tous les critères, je le sers», nous confie Owona Mbarga, guichetier de l’agence comptable de l’université.
Du côté des étudiants, le malaise est persistant. Selon Christelle Bobo Ntonga, étudiante en Faculté des sciences politiques et juridiques : « au début, on nous a dit que c’était ceux qui avaient eu 12 de moyenne et plus mais j’ai un camarade qui en avait 11 et qui a touché et d’autres qui se plaignent de n’avoir pas été inscrits sur la liste pourtant ils le méritent ». La situation est encore plus difficile pour ceux-ci dans la mesure où « il y a des étudiants qui ne remplissaient pas les critères qui retrouvent leurs noms sur la liste ». Nos efforts pour rencontrer les autorités administratives ont été vains. Toutes les personnes rencontrées nous demandent de nous référer au recteur, Jean Tabi Manga, lui-même absent.
Prince Nguimbous et
Naida Elisabeth (stagiaires)
26 juillet 2010
Source: http://www.quotidienlejour.com