Université de Ngaoundéré : Le Droit fait le plein
Les étudiants suivent les cours dans un restaurant lui-même exigu.
Abdelnasser Garboa
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Université de Ngaoundéré
Le Droit fait le plein
Les étudiants suivent les cours dans un restaurant lui-même exigu.
Restaurant universitaire. Il est 8 heures ce mardi 30 novembre 2004. A l’intérieur, des centaines d’étudiants, silencieux, la tête baissée, recopient machinalement les mots dictés par le professeur. Il fait très froid dehors, mais cela ne préoccupe pas ces étudiants de première année Licence de la faculté des Sciences juridiques et politiques.
Sur les tabourets, transportés de la maison, assis à même le sol, les pieds dans les conduits d’eaux de pluie, debout ou encore juchés sur un petit goyavier, tous les moyens sont bons pour ces étudiants que la salle a vomis. Comparés à ceux qui ont réussi à être admis à l’intérieur, ceux-là passent pour des chanceux. Les chaises qui servaient jadis au restaurant et qui sont utilisées par les étudiants en Droit ne sont plus qu’un souvenir. Des tables bancs ont pris le relais. On s’assoie à quatre, voire cinq sur un bancs de trois places. Les allées sont obstruées par les tabourets et chaises transportées des maisons. Malgré cela, trouver une place dans ce qu’on peut appeler boîte à sardine n’est pas une sinécure, eu égard au nombre d’aspirants.
Certains étudiants comme Mouhamadou Aminou ont trouvé la parade : «J’arrive au resto à quatre heures trente avant d’aller à la mosquée pour réserver une meilleure place. Malgré cela, je trouve toujours un ou deux camarades, sans parler des cartables dont on ne sait quand est-ce qu’on les a placés là». La Fsjp est la plus grande faculté de l’Université de Ngaoundéré. Elle compte plus de 3500 étudiants, dont 1100 en première année. Cette surpopulation entraîne inéluctablement quelques disfonctionnements dans le suivi académique des étudiants. Ainsi, malgré les efforts du personnel enseignant, il se trouve submergé par le nombre. Conséquence : les résultats, bien que donnés à temps, comme l’affirme le professeur Victor Emmanuel Bokalli, doyen de ladite faculté, par rapport au calendrier académique, le sont en retard par rapport aux autres facultés de l’université. Au grand courroux des étudiants, qui n’apprécient pas d’être les derniers à quitter les lieux.
Pour pallier à la situation actuelle, la construction d’un amphithéâtre de 750 places est prévue. Le lancement des travaux aura lieu lors de la visite du ministre de l’Enseignement supérieur à l’occasion de la rentrée solennelle. Pour les étudiants, la solution résidera sur la construction d’un amphi d’au moins 1000 places. Encore que leur nombre dépasse largement les 1100 au niveau I. C’est avec un air désabusé qu’Aïssatou, étudiante en 3ème année, parle de ce qui reste du chantier de l’amphi 1000. Annoncé comme la plus grande acquisition de l’Université, avec le complexe sportif, ces chantiers sont tombés dans les oubliettes. Les «bloc académique» dont certaines salles ont une capacité maximale de 200 places, se sont révélés insuffisants. L’autre problème est celui des enseignants. En l’espace de trois ans, cette faculté a vu partir quelques-uns de ses enseignants. Robert Mpondo est assassiné à Douala. Bien continuant à donner quelques cours, Ousmanou Sadjo, parti pour le Gicam et Mekinda Beng, à l’Onel comptent leurs jours à Ngaoundéré. Leurs places ne sont pas encore pourvues. Ce que confirme d’ailleurs le doyen Victor Emmanuel Bokalli : «Depuis quelques années aucun recrutement n’est effectué». Toutefois, il ajoute que «les 24 enseignants permanents, les quatre moniteurs et quelques missionnaires arrivent à supporter cette forte demande.»