Cameroun – Un gendarme abat une élève

Bandjoun : Un gendarme abat une élève

Albertine Laure, 18 ans, tuée vendredi dernier par balles, serait l’amante de son assassin.

C’est une population en furie, qui a pris d’assaut l’esplanade de la brigade territoriale de gendarmerie de Bandjoun, dans le département du Koung-khi, au petit matin du samedi 13 février dernier. Elle s’est attaquée aux locaux abritant les services de cette brigade, où elle a balancé des cailloux. Avant d’endommager un véhicule appartenant à un gendarme. Un autre véhicule mis en fourrière, a été retourné. Les manifestants ont même entrepris de creuser un tombeau, puis un second pour accueillir les restes d’Albertine Laure Kamdom Kamga, 18 ans et élève en 1ère D au lycée de Yom par Bandjoun, froidement abattue par balles par le maréchal des logis Chrezantus Wakha. Ce dernier s’est réfugié dans la brigade où il travaille.

La journée a failli s’embraser. La famille de la victime a descendu le drapeau de la République pour accrocher l’uniforme de la victime.
Il a fallu l’intervention de quelques éléments du Bataillon d’intervention rapide (Bir), de passage, et du renfort venu de Bafoussam, pour calmer les esprits. Le chef supérieur Bandjoun, S.M Honoré Djomo Kamga est également intervenu en soirée. Ce dernier a demandé à la population de faire confiance à la justice et d’éviter de s’attaquer aux institutions républicaines. Car, a-t-on appris, certaines personnes auraient acheté du carburant pour incendier l’unité de gendarmerie en question. Les élèves du lycée de Yom projettent un débrayage de cours dès ce lundi, si le gendarme assassin n’est pas mis aux arrêts. Depuis hier, Bandjoun est quadrillée par des forces du maintien de l’ordre.

D’après des témoignages concordants, la victime aurait reçu trois ou quatre balles dans le dos. La scène se déroule dans la nuit du 11 au 12 février dernier, en plein centre-ville à Bandjoun, autour de 1h30. Un taxi s’y est garé plus tôt. A l’intérieur, les occupants, le taximan et l’élève assassinée, sont plongés dans des ébats amoureux. Un gendarme de garde les a surpris. L’homme en tenue fonce à la brigade pour dire à son collègue que l’heure est grave. Et qu’il a trouvé sa copine, celle de M. Wakha, en compagnie d’un chauffeur. Une relation qu’il suspecte depuis quelque temps. Chrezantus Wakha ne tarde pas. Il prend son arme et se dirige vers ce véhicule. «Nous avons suivi beaucoup de coups de feu et il y avait plusieurs douilles sur le macadam», relate un témoin. Le gendarme aurait fait usage d’une kalachnikov. Ce qui n’est pas encore confirmé dans les milieux de la gendarmerie. Par contre, dans le voisinage, l’on soutient que les images étaient horribles. Pendant qu’elle se tort de douleur, le collègue du gendarme à la gâchette facile, fait irruption dans la voiture pour donner la direction à prendre, en vain. Il voulait ainsi éloigner son collègue de la colère populaire. Et conduire l’élève grièvement blessée dans un centre de santé.

Une dispute s’en suit entre le taximan et le gendarme sur une longue distance, jusqu’à l’entrée de la ville de Bafoussam, à 13 km. Ils prendront par la suite la direction de Bangoua, près de Bangangté. Entre-temps, le gendarme à bord a profité d’un embouteillage pour sauter dans la nature. Le chauffeur de taxi roule en trombe jusqu’à Bangou, où il réside. Selon les mêmes témoignages, c’est là qu’il découvre qu’Albertine Kamdom n’est plus en vie.
La mère de la défunte, Rosalie Kengne, était inconsolable. «J’étais au champ avec ma fille le 10 février, on a cultivé ensemble. De retour, elle est sortie de la maison pour aller étudier avec des amies. Tout s’est bien passé jusqu’au moment où j’ai appris que ma fille est morte, abattue par un homme en tenue», regrette Rosalie Kengne les yeux larmoyants. La grand-mère de la fille s’est évanouie, après avoir entonné le requiem du deuil.
Michel Ferdinand et

Robert Nkaké (stagiaire)
15/02/2010
Source: http://www.quotidienmutations.info

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