Cameroun – Sida : la vérite des chiffres
Cameroon-Tribune – [11/05/04]
12%, tel est le taux de prévalence estimatif du Vih/sida au Cameroun…
L’article
Le rôle des statistiques dans la lutte contre la pandémie est au centre d’une concertation à la Faculté de Médecine.
Commençons par un chiffre. 12%, tel est le taux de prévalence estimatif du Vih/Sida au Cameroun. Cette donnée statistique ne laissera pas tous les lecteurs indifférents. Certains la trouveront exagérée pendant que d’autres estimeront que le taux se situe à un niveau inférieur. Une autre catégorie d’observateurs s’interrogera sur les méthodes de calcul. Une chose est certaine : sous nos cieux, les statistiques ont toujours été accompagnées d’une polémique relative à leur crédibilité et leur validité scientifique. Dans le champ de la recherche, la problématique statistique occupe une place centrale en ce sens qu’elle permet, à travers un chiffre, d’avoir la mesure d’un problème voire son étendue. En ouvrant hier le séminaire de formation Vih/Sida consacré aux statistiques, le conseiller technique n°2 du ministère de l’Enseignement supérieur, Emmanuel Tonye, a relevé l’importance de cette discipline.
Le représentant du Minesup a déclaré que " l’inexistence des données statistiques fiables, rigoureusement actualisées, aussi bien dans la recherche liée aux évolutions ou non du taux de prévalence, que dans les différentes approches évaluatives des divers comportements à risques, ou même encore dans les diverses techniques de communication(…) aggrave peut-être sans qu’on le sache le problème." Le séminaire qu’abrite la Faculté de Médecine et des Sciences bio médicales a un objectif bien précis : les participants apprennent à utiliser les statistiques dans les enquêtes épidémiologiques. Les séminaristes viennent des universités de Yaoundé I et II. Les cours sont dispensés par trois experts français de l’Université Paris-Sud Centre d’Orsay. Ils sont assistés de leurs collègues camerounais.
La situation du Vih/Sida en Afrique et au Cameroun, la nature des données (enquêtes, sondages, traitements statistiques) et les données économiques et le scénario d’évolution de la pandémie ont été traitées. Ce séminaire qui s’inscrit dans le cadre du plan sectoriel de lutte contre le Sida du ministère de l’Enseignement supérieur, va incontestablement renforcer les capacités des apprenants dans l’élaboration des statistiques. Celles-ci ne devraient pas être " oubliées " dans les tiroirs. Il est souhaitable que les données soient relayées dans les médias. Leur influence sur l’attitude des gens est certaine. " 600.000 personnes infectées à chaque heure ". Ce slogan, placardé sur les panneaux publicitaires il y a quelques mois, donnait à lui seul une idée sur la pandémie. On aimerait convoquer d’autres " stats " pour avoir par exemple le nombre d’ orphelins du Sida, le pourcentage d’enfants affectés ou encore le taux de l’utilisation des préservatifs masculins et féminins.