Cameroun : Les diplômes des pays arabes recherchés

Cameroun : Les diplômes des pays arabes recherchés

par François-Xavier Eya

DOUALA, 23 décembre 08 (Syfia Cameroun) – Bourses universitaires et financement de stages… La coopération entre les pays arabes et le Cameroun offre des opportunités précieuses au moment où ces étudiants africains ont peu d’autres possibilités d’aller se former hors des frontières.

Pour l’ambassade du Maroc à Yaoundé, Lazare Essimi Menyé n’est pas seulement l’actuel ministre camerounais des Finances. C’est surtout le symbole de la réussite de la coopération universitaire entre le Cameroun et le Maroc, dont il est un pur produit, tout comme Daniel Claude Abate, homme d’affaires, président du Mouvement des entrepreneurs du Cameroun. De tels exemples contribuent à valoriser les diplômes obtenus dans les pays arabes, généralement plus cotés que ceux du cru.
Depuis le début des années 80, de nombreux hauts cadres camerounais ont ainsi été se former dans des universités marocaines grâce aux bourses offertes par l’Agence marocaine de coopération internationale. Pour l’année académique en cours, une quarantaine ont été offertes aux étudiants camerounais dans les universités d’État marocaines, précise Salah Zaroual El Idrissi, de l’ambassade du Maroc à Yaoundé. Parallèlement, environ 350 de ces jeunes africains étudient dans les grandes écoles et universités privées du royaume chérifien. "Des efforts similaires sont entrepris pour la formation d’officiers et de sous-officiers camerounais", ajoute-t-elle.

Une association d’anciens boursiers
L’Algérie, à l’instar du Maroc, offre chaque année aux jeunes Camerounais 15 à 30 bourses pour des études dans des filières aussi variées que la médecine, l’architecture, l’informatique, la pétrochimie, les postes et télécommunications, etc. En près de 40 ans de coopération, 250 Camerounais ont été formés en Algérie, indique Rouabah Abderrahmane, secrétaire diplomatique à l’ambassade d’Algérie à Yaoundé. Les anciens étudiants boursiers d’Algérie ont créé une association pour faciliter l’insertion professionnelle de ceux qui ont suivi leurs pas. "Grâce à nous, un jeune chirurgien dentiste a été recruté dès son retour d’Algérie à l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale à Yaoundé", se félicite le Dr Philomène Kapioka, présidente de l’association, diplômée de l’Université d’Alger, en service à l’Hôpital central de Yaoundé.
Comme les deux autres pays du Maghreb, la Tunisie a un programme de coopération universitaire avec le Cameroun. Pour l’année académique en cours, 4 étudiants y mèneront des études en Sciences et techniques, Économie et gestion, etc.
D’autres pays arabes, comme l’Égypte, accueillent des étudiants musulmans dans ses universités islamiques. Le Fonds égyptien pour la coopération technique avec l’Afrique, créé en 1981, propose au Cameroun 18 bourses d’étude par an. Deux bénéficiaires sur trois choisissent l’Université Al-Azhar du Caire, une des plus prestigieuses universités islamiques du monde arabe. Ils y étudient les fondements de la religion et la théologie, la jurisprudence islamique, l’arabe, mais aussi des matières pratiques, scientifiques et techniques comme la médecine, la mécanique, l’électronique, l’électricité, l’agriculture, etc.

Beaucoup de candidats et peu d’élus
L’Égypte offre également des stages professionnels de perfectionnement aux fonctionnaires et agents contractuels de l’État camerounais. Raphaël Mvogo, journaliste au quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, bénéficiaire d’un stage en communication en Égypte en décembre 2006, parle d’une expérience enrichissante. "Ce stage m’a permis de m’imprégner du journalisme anglo-saxon, d’en apprendre un peu plus sur ce pays pour un meilleur traitement de l’actualité internationale et de me former à la conception et à la réalisation en direct d’une émission télévisée". Financées par l’Égypte et organisées par l’Union des journalistes africains (UJA), ces stages s’adressent à des professionnels de tout le continent : Algérie, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Kenya, Tanzanie, etc.
Au Cameroun, toutes les candidatures des boursiers sont gérées directement par le ministère de l’Enseignement supérieur qui propose une liste aux pays donateurs, selon des critères de sélection qui ne sont connus de personne. Contactés, les responsables du ministère n’ont donné aucune information sur le programme de ces bourses.
Ce genre de coopération n’existe pas entre les pays d’Afrique subsaharienne eux-mêmes : l’appui financier à des étudiants et des stagiaires étrangers n’y sont pas encore à l’ordre du jour. De nombreux Camerounais fréquentent les universités ouest africaines et d’Afrique du Sud, mais à leurs frais. Depuis bientôt deux décennies que le Cameroun est sous ajustement structurel, l’État n’offre plus de bourses pour aller étudier à l’étranger.
Chaque année, les jeunes de ce pays en quête de meilleures conditions d’études à l’étranger, mais incapables d’en payer le prix, se ruent vers les rares offres en provenance des pays européens, américains et asiatiques. Beaucoup d’appelés, peu d’élus ! Le Canada, qui offre le plus de places, ne dépasse pas la quinzaine par an… D’où l’attrait des bourses d’études dans les pays arabes.

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