Le quotidien pénible des élèves handicapés
Certains bénéficient de matériel adéquat cependant que les infrastructures constituent un frein à la formation de quelques autres élèves.
Un ordinateur parlant. Cet engin révolutionnaire n’existe pas que dans les films de science- fiction. C’est le quotidien d’Antoine Lindjeck, élève en troisième au Collège de la Retraite à Yaoundé. Le jeune homme est aveugle et suit un cours d’informatique spécial. Dans une salle multimédia de son établissement, il écoute attentivement la machine lui dicter les définitions qui apparaissent sur l’écran. A ses côtés, Daniel Kengni Tiomo, encadreur d’informatique adaptée à la déficience visuelle, lui-même non-voyant. Pour surveiller le travail de l’élève, il vérifie le texte que mémorise Antoine L., rédigé en braille sur une feuille de papier. « Nous utilisons un logiciel de synthèse vocale qui permet de relire l’écran et tout ce qui est contenu dans l’ordinateur. Mais aussi des logiciels qui scannent des documents et qui sont capables de décrire une image », révèle l’encadreur. Contrairement aux apparences, les cours ne sont pas toujours dispensés en tête-à-tête pour les élèves handicapés.
Au collège de la Retraite, les sept élèves aveugles inscrits dans l’établissement sont formés avec les valides. « Je m’assois en général au premier banc. J’ai un poinçon et une tablette dans laquelle j’insère une feuille pour recopier sans problème », explique Antoine L. Pour les leçons à copier au tableau, il fait appel à l’amabilité de son voisin de banc, qui lui dicte les écrits du professeur. Justin Tsapbeng, éducateur spécialisé en déficience visuelle se charge de traduire en braille les manuels scolaires et les supports de cours. Pendant les examens, il transcrit les sujets en braille pour les élèves, et reprend son travail de traduction des copies, cette fois-ci en français, en anglais ou en seconde langue pour les professeurs. Les infrastructures ne suivent pas toujours la bonne volonté des enseignants et de leurs élèves.
Au Centre des handicapés d’Etoug-Ebe, le manque de matériel adéquat conduit le corps enseignant à suivre le programme officiel, au même titre dans les écoles classiques. Comme le souligne le directeur du centre, Jean Marie Ebonoko Ndjoumou, « il n’y a pas de projet éducatif individualisé pour chaque type d’handicap ici. Par exemple, les élèves sourds-muets se débrouillent sans des orthophonistes. » A l’université de Yaoundé I, les problèmes d’infrastructures se posent également. Une étudiante handicapée raconte que : « je suis parfois le cours debout car personne ne veut me céder la place. Dans les amphithéâtres, les premières places sont normalement réservées aux étudiants handicapés, comme convenu entre l’Association des étudiants handicapés de l’Université de Yaoundé I et l’administration. » Mais à la Cité U, les chambres du rez-de-chaussée leur sont réservées, afin de faciliter leur déplacement.
Par Monica NKODO
[04/02/2010]
Source: http://www.cameroon-tribune.cm