Ca ne rigole pas aux USA…
Dans sa cellule de la prison de Cambridge, M. Alfred Aléba doit être en train de maudire le jour où il a pris sur lui la décision de faire venir aux Etats-Unis sa “nièce” Estelle T.
Ce matin de l’année 1997, après plusieurs tentatives vaines, Mlle Estelle T. va quitter sa terre natale, la Côte d’Ivoire, pour rejoindre son pays de rêve : les States. Auparavant, des arrangements auraient été faits entre les parents d’Estelle et leur futur “ beau ” pour réserver un séjour américain des plus merveilleux à la nouvelle venue. Devenu citoyen américain, Alfred devrait épouser Estelle dans les mois qui suivent son arrivée aux USA.
Malheureusement, au moment où Estelle débarque, celui qu’elle présente dans la communauté ivoirienne de Boston comme son oncle se trouve être marié à une Libérienne, ancienne employée à la BAD qui, à la demande d’Alfred, son époux, aurait pesé de tout son poids pour faciliter le visa américain à Estelle, la “nièce” de l’autre.
Mais, après quelques mois de cohabitation à trois des suspicions légitimes vont naître au niveau de la femme légale qui soupçonne son mari d’être trop proche de sa nièce, Estelle. Par précaution, Aleba va trouver un logement à sa nièce dans un périmètre de “sécurité” où à tout moment il pourra avoir les yeux protecteurs sur elle et ainsi la garder loin des yeux de nombreux soupirants à l’affût.
Selon les informations reçues dans le milieu ivoirien du Massachussetts, une complicité tacite existait entre l’oncle et la nièce. “Ecoutez, cette affaire est regrettable. Mais ici, tous, nous savons ce qui se passait entre les deux (Alfred et Estelle). C’est ce qui nous surprend quand on nous parle de viol”, raconte M.E. Complicité ou pas, la Libérienne, un matin convaincue des rapports pas du tout familiaux entre son époux Alfred et Estelle, demande le divorce et prend la poudre d’escampette. A son départ, Estelle, qui entre temps vivait dans un autre appartement, rejoint la maison de son oncle-amant. Les deux y vivront pendant cinq bonnes années jusqu’au moment où Alfred, qui a perdu son poste d’administrateur de réseau dans une compagnie d’informatique, se voit résolu à dépendre de sa nièce. Celle-ci devient alors la maîtresse des lieux.
La situation financière du “tonton” devient de plus en plus difficile. Aléba pris par le divorce et les frais scolaires est de moins en moins solvable. Estelle qui ne s’attendait pas à ce contrecoup de la vie amoureuse, commence à prendre ses distances vis-à-vis de son “oncle” Alfred. Après plus de cinq ans de vie commune, la jeune Estelle se met à se “chercher”, surtout que le mariage promis n’arrive point; devenant ainsi une proie facile pour les prétendants qui l’admiraient depuis qu’elle est apparue dans la communauté.
C’est dans cette période de vacuité qu’elle tombe sur son nouvel amant, Edmé Groguhet, en 2002. Elle a alors 19 ans. Il faut signaler que pour les besoins de la cause, la dulcinée Estelle avait réduit son âge à 14 ans. Car, selon les archives du lycée Nespa d’Adzopé où elle a fréquenté la classe de 3e en 1995-1996, la jeune Estelle avait déjà 19 ans.
De toute évidence, une rivalité s’installe entre Alfred et Edmé. L’un accusant l’autre de lui voler son amour. Et l’autre ne supportant point d’être cocufié. Mais, le pire est à venir. En janvier 2003, Jean T., le père d’Estelle, décède. La communauté ivoirienne de Boston soutient la famille avec la somme de $ 1500. Alfred A., chargé de remettre la somme à la famille du défunt, manque de le faire une fois à Abidjan. La famille, avertie depuis les Etats-Unis par leur fille Estelle, attend désespérément les billets verts qui n’arriveront que deux semaines plus tard.
Selon les propos recueillis de part et d’autre, “l’oncle” Alfred aurait usé de cette somme pour s’acheter du matériel informatique qu’il se proposait de vendre, une fois à Abidjan. Son intention de gonfler le montant des funérailles irritera sa “nièce” qui, sous la poussée de son nouvel amant Edmé Groguhet, n’attendra pas son retour d’Abidjan pour arrêter le plan final. Pour Groguhet, l’heure a sonné pour mettre définitivement hors d’état de nuire cet “oncle” encombrant et empêcheur de “lover” en rond.
Un matin de février 2003, il accompagne Estelle au poste de police. Là, Estelle chauffée à blanc par Groguhet va accuser son “oncle” de viol avec la preuve impardonnable de détournement de mineur et viol à répétition. Elle explique au commissaire que pendant cinq ans, elle aurait été victime d’abus divers. Le 29 mars, la police locale procède à une perquisition à l’appartement de Aléba et emporte ses ordinateurs, ses cassettes audio et vidéo. Deux semaines plus tard, le juge d’instruction ordonne son arrestation pour des faits graves constitués. Plus d’une vingtaine de chefs d’accusation seront retenus contre Alfred : viol, détournement de mineur, escroquerie, enregistrement d’appels téléphoniques, possession de cassettes vidéo et de photos osées, etc.
En avril prochain, cela fera un an qu’Alfred Aléba est interné à la prison de Cambridge, à quelques kilomètres de Masachusetts. Et la justice exige plus de $75.000 pour sa libération sous caution. L’avocat contacté, quant à lui, veut $20.000 pour étudier le dossier. Des sommes que la communauté ivoirienne cherche à réunir en vain. Alfred, pour sa part, implore la clémence du Tout-Puissant pour le sortir de ce bourbier amoureux. Si rien n’est fait, la vie de ce jeune Ivoirien promis à un bel avenir sera définitivement foutue.
Phil Nomel
Correspondant aux USA
Source : http://www.fratmat.net