Université catholique : Ouverture pour l’année académique 2005/2006 à Bobo-Dioulasso
mardi 23 août 2005.
La rentrée universitaire 2005/2006 verra probablement s’ouvrir à Bobo-Dioulasso ce que bien des gens ont qualifié de « université catholique de Bobo-Dioulasso ». En réalité, il s’agit de l’Unité universitaire de Bobo (UUB), campus local de l’Université catholique ouest-africaine (UCAO). Cette unité relève de la conférence épiscopale Burkina-Niger.
Elle formera des étdudiants en agro-alimentaire et en agro-industrie. Mgr Anselme Titianma Sanon, archevêque de Bobo-Dioulasso et « tuteur » de l’institution lève un coin de voile sur celle-ci dans cet entretien accordé en exclusivité à Sidwaya.
Sidwaya (S) : On parle de plus en plus de l’ouverture d’une université catholique pour la rentrée prochaine. Qu’en est-il exactement ?
Monseigneur Anselme Titianma Sanon (MATS) : Cela fait des années que nous avons entrepris des démarches auprès des autorités nationales dans ce sens. Le plus sûr au point où nous en sommes, c’est l’octroi du terrain qui est quasiment acquis. Du point de vue du projet académique, bien que ce soit une unité universitaire de l’Eglise, nous sommes dans le cadre du Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES). Il faut que les programmes et cursus respectent ceux de toute l’Afrique et de Madagascar. Là également, on n’en est pas encore à un niveau de signature d’accord, mais les programmes sont pratiquement à leur point final. C’est ce qui nous a d’ailleurs permis de lancer ce papier d’annonce et des enseignements qu’on va y donner. Il s’agit de l’agro-alimentaire et de l’agro-industrie.
S. : Avec tout ce que vous venez de dire, est-ce que l’ouverture de l’unité universitaire de Bobo-Dioulasso sera effective pour la rentrée académique à venir ?
MATS . : Je me pose la même question, mais là où il y a la volonté, il y a les possibilités. C’est très complexe. J’ai dit que le premier élément, ce sont les enseignants. C’est avec les enseignants de l’université que nous avons bâti le programme, mais ces derniers ont déjà d’autres obligations. Alors, on a fait une présélection du corps enseignant. Par exemple, pour le poste de secrétaire général, il faut quelqu’un qui ait les compétences pour gérer lui-même les autres professeurs.
C’est pratiquement acquis. Nous pensons que les ministères concernés pourront nous accorder cette personne ou cette personnalité. Il faut montrer que notre objectif est quand même d’avoir des gens compétents et qui ont des convictions, c’est-à-dire des personnes qui veulent nous accompagner dans notre marche. Pour les étudiants, il y a également ces annonces. Les inscriptions ont même commencé. Du côté de nos institutions, il y a des candidatures. Cette unité n’est pas uniquement pour le Burkina. Elle est interafricaine, à tel point que son président ne sera pas un Burkinabè. Il sera d’un autre pays de l’Afrique. Les étudiants burkinanbè seront certainement les plus nombreux, mais il y aura une ouverture aux autres pays et même aux anglophones (Ghana, Nigeria).
S. : Quel est le site retenu ?
MATA. : C’est un grand terrain derrière Kuinima-Kura, du côté de la gare routière internationale de Bobo-Dioulasso. C’est le terrain qui avait été au préalable retenu pour l’université de Bobo qui s’est en définitive retrouvée à Nasso. C’est ce site qui nous a été octroyé. C’est un grand terrain où nous pourrons avoir la zone académique (le campus), mais également des laboratoires et des sites d’expérimentations.
Mais en attendant, nous allons utiliser les locaux du CESAO parce que cette institution est en train de faire une mutation.
S. : Pour ce qui concerne les étudiants, est-il vrai que cette unité ne formera que des hommes d’Eglise ?
MATS. : J’ai dit que nous serons rattachés au CAMES. Les programmes seront ceux donnés par le CAMES pour l’ensemble de l’Afrique. De ce point de vue, c’est une université catholique bien sûr, mais comme nos écoles catholiques ou nos collèges catholiques, elle est ouverte à qui veut.
S. : A côté des disciplines qui y seront enseignées (agro-alimentaire et agro-industrie) est-ce qu’il y aura l’étude de la Bible ?
MATAS. : En principe, le système universitaire s’organise selon la vision. C’est un peu le drame de nos universités. On réunit des étudiants et on leur donne la compétence intellectuelle tandis que la dimension humaine, sociale, spirituelle et religieuse n’y est pas. Habituellement et dans le système de la laïcité, les programmes sont bâtis d’une façon scientifique. La manière de les agencer, la manière dont les professeurs dispensent leurs cours montrent que la science en elle-même ne tient pas s’il n’y a pas un support humain, anthropologique.
En cela, il y a les dimensions culturelle et sociale qui seront présentes. Il y a un code d’éthique qui accompagne l’ensemble des enseignements. Ce n’est pas un cours à part d’abord pour cela, mais c’est un peu comme pour les médecins ou les communicateurs où on parle d’éthique et de déontologie. Sur le même campus, on aura l’aumônerie et à certaines occasions, les fêtes catholiques notamment, on permettra la rencontre interreligieuse. Elle fait partie de la vie de l’institution. On n’enseignera pas le catéchisme, on ne prendra pas que des chrétiens ou des catholiques. On prendra tous ceux qui ont la qualification voulue pour être étudiants, mais en sachant que l’esprit et la vision du monde sont catholiques.
Propos recueillis par Urbain KABORE et Clarisse HEMA
Sidwaya