Burkina-Faso: Il enceinte son élève de CM2 et la fait avorter
Le 1er mai 2010, HS, une fillette de 14 ans en classe CM2 se tordait de douleurs au ventre. Avec la persistance du mal, ses parents se sont résolus à l’amener au CSPS de Padéma. Après consultation, ils tombèrent des nues : leur fille souffre des complications d’un avortement. Interrogée, elle avoue que depuis novembre 2009, elle entretient des relations intimes avec AP, son instituteur et directeur d’école à Dogoma (département de Padéma).
Ces rapports sexuels sans protection à plusieurs reprises, ont naturellement abouti à une grossesse de l’élève. Comme l’a expliqué l’enseignant lui-même qui a 13 années de service, fiancé et père de 4 enfants, « Je lui disais de balayer mon bureau. Quand elle s’exécutait, je l’y rejoignais pour faire l’amour avec elle. Pour la convaincre, je lui ai promis la réussite à son CEP ».
Informé de la grossesse en avril, AP dit avoir préconisé l’avortement pour sauvegarder son image et surtout mettre la fille et sa mère à l’abri d’un éventuel bannissement. C’est ainsi qu’il a fait appel à CT, un « ami de longue date » et infirmier au CHUSS de Bobo-Dioulasso. Sur insistance de l’instituteur, CT s’est résolu à lui porter secours.
Avec du matériel spécialisé, l’infirmier a d’abord fait une injection à l’élève avant de procéder à l’avortement dans une salle de classe. CT et AT comparaissaient donc aux audiences correctionnelles du Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso le 23 juillet 2010, respectivement pour avortement et complicité d’avortement. A la barre, les deux amis ont reconnu les faits et, par conséquent, ont plaidé coupables. Si AT avoue que HS est la première de ses victimes (élèves), CT par contre dit ne pas savoir le nombre de fois qu’il a procédé à des avortements clandestins en 11 ans de service.
Cette fois-ci, il soutient avoir été dupé par son ami qui lui a dit que la fille était une collégienne et que sa mère était informée de son intention d’avortement. Durant tout le procès, le parquet et le tribunal ne sont pas passés par mille chemins pour incriminer « ces fonctionnaires auteurs d’actes anti-déontologiques » qui ont échoué dans leurs missions. Au même titre que leur avocat, le procureur, conscient de la gravité des actes, a néanmoins fait cas de leur situation de délinquants primaires.
Il a demandé la bienveillance du tribunal et requis 15 mois de prison assortis de sursis avec confiscation du matériel ayant servi à l’avortement. Le dossier, mis en délibéré pour décision le 27 juillet 2010, ils ont été condamnés à 15 mois de prison avec sursis chacun.
Source:
Jean-Marie TOE & Dramane SAMBORE
Sidwaya
28 juillet 2010