RENTRÉE DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES : Bientôt un programme national de développement des biotechnologies
Article publié dans l’édition du Mercredi 2 juin 2004
Source : http://www.lesoleil.sn
Les membres de l’Académie des Sciences et Techniques du Sénégal (ASTS) vont bientôt présenter au gouvernement un programme national de développement des biotechnologies. Ils sont en train de finir un travail dans ce sens. Car les biotechnologies peuvent servir de raccourci vers le développement durable.
Biotechnologies. Il y a quelque chose d’assez inédit dans ce terme. Il fait peur, selon qu’on n’a pas encore maîtrisé tous ses contours, et attire quand on sait qu’il peut servir de raccourci sur la voie d’un développement durable. L’important est, sans doute, de le départir de toute sa connotation savante, pour le réduire à sa dimension la plus utile pour l’Humanité. Et c’est ce que l’Académie des Sciences et Techniques du Sénégal (ASTS) s’est proposée de faire, en décidant de proposer, pour bientôt, au gouvernement, un programme de développement des biotechnologies.
Et, occasion ne pouvait être plus indiquée que celle d’hier, lors de sa rentrée solennelle, pour susciter, le temps d’une matinée, l’adhésion de toute la communauté scientifique sur l’importance des biotechnologies. Il y avait, à cette occasion, des personnalités aux rangs les plus élevés de la Recherche scientifique et technologique. Elles ont accepté d’abandonner laboratoires et centres de recherches, pour venir partager, voire contribuer à cerner les contours des biotechnologies.
Etat des lieux
Définies au sens le plus large, les biotechnologies font « référence à un ensemble de techniques utilisant des organismes vivants ou des substances dérivées de ces organismes vivants pour fabriquer ou modifier des produits, améliorer des espèces végétales ou animales ou développer des micro-organismes pour des usages spécifiques ».
Cette définition est tirée d’un document élaboré par l’ASTS, lequel fait l’état des lieux sur les biotechnologies au Sénégal, identifie les perspectives et recueille les éléments pouvant servir à définir et élaborer une politique et une stratégie nationale. Intitulé : « Les biotechnologies ; potentiels, enjeux et perspectives : le cas du Sénégal », ce document comporte dix chapitres rédigés sous la responsabilité de plusieurs chercheurs membres de l’ASTS.
Et, si la recherche s’intéresse tant aux biotechnologies, c’est parce que le Sénégal semble avoir plusieurs atouts à faire prévaloir dans ce domaine. En effet, plusieurs recherches sont menées, aussi bien au Laboratoire de biologie végétale de la Faculté des Sciences, à celui de microbiologie industrielle de l’École Supérieure Polytechnique, à l’ISRA, à l’ITA, dans les hôpitaux qu’à l’Institut Pasteur et à l’IRD (NDR : lire l’article ci-dessous).
Problématique sanitaire
De ce point de vue, le Sénégal, à travers le ministère de la Recherche Scientifique et Technologique, dont le ministre, le Pr Christian Sina Diatta, présidait la cérémonie d’ouverture, manifeste un total engagement pour relever les défis biotechnologiques en Afrique. Et quand on fait référence à l’Afrique, c’est parce que ce continent dispose d’un important outil qu’est le NEPAD et qui peut, à juste titre, servir à la mise en œuvre des biotechnologies, comme l’a si bien expliqué le Pr Souleymane Niang, président de l’ASTS dans son mot de bienvenue.
L’ASTS a porté, cette année, une attention particulière à la situation des biotechnologies dans leurs applications et utilisations, notamment dans des secteurs stratégiques de développement économique du Sénégal liés à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles et à la problématique sanitaire.
Selon ses membres, la prise en compte des enjeux scientifiques, alimentaires, médicaux et économiques que dessinent les nouvelles approches des biotechnologies a donné lieu, dans le monde, à de profonds changements dans l’agriculture, la production agricole, la santé humaine et animale. « De plus, l’utilisation de ces techniques nouvelles est encore faible en Afrique où elles sont pourtant à la fois une opportunité de développement fantastique et une menace économique potentielle réelle », soulignent-ils encore.
Ils pensent qu’il est alors urgent de dégager une stratégie nationale pour mieux exploiter le raccourci que constituent les biotechnologies, afin d’apporter une réponse, par la science, aux problèmes majeurs rencontrés par nos populations. Ils ont pour noms : insécurité alimentaire, malnutrition, maladies, dégradation de l’environnement et des ressources naturelles, etc.
À cet égard, l’Académie a organisé des ateliers de réflexion pour, d’une part, faire l’état de lieux au Sénégal, et d’autre part, identifier les perspectives et recueillir les éléments pouvant servir à définir et à élaborer une politique et une stratégie nationale. Les résultats de ces ateliers ont été soumis à l’analyse fine d’un comité spécialisé de vingt experts répartis dans neuf domaines comme l’agriculture et la foresterie, la santé humaine, la santé animale, l’agroalimentaire, etc.
Un deuxième document de stratégie d’actions traitant des composantes d’une politique générale nationale sera édité sous peu. Le fruit de ces ateliers sera présenté aux autorités politiques sous forme d’un Programme de développement des biotechnologies.
SADIBOU MARONE