Bénin – Prostitution en milieu universitaire : les étudiantes en pleine perdition
Fraternité – [16/03/06]
Au Bénin, le monde universitaire est de plus en plus miné par plusieurs maux dont la prostitution. Ainsi, de nombreuses étudiantes s’adonnent à cette vieille pratique, soit par contrainte, par ambition ou tout simplement par pur snobisme dans le but de bénéficier de faveurs quelconques. Cependant, entre la quête d’un mieux être ou le plaisir de faire comme les autres, ces dernières s’exposent à de grands risques dont les maladies sexuellement transmissibles et bien d’autres dommages. Toutefois, le phénomène de la prostitution est et demeure l’un des tableaux sombres de nos universités.
Du mot latin "prostituere", qui signifie mettre devant, exposer au public, la prostitution est une activité consistant à accepter ou obtenir en échange d’une rémunération (ou d’une promesse de rémunération) des relations sexuelles. Bien que cette activité soit pratiquée par les deux sexes, elle est le plus souvent le fait des femmes. D’origine étrangère, cette pratique s’est étendue de manière remarquable dans nos centres de savoir dont les universités. En dépit de certaines femmes qui se sont adonnées à la chose dans les rues de Cotonou, et dans la zone reconnue appeler jonquet, la prostitution à déjà gagné le camp des étudiantes par inter culturalité qui pèse finalement sur notre éducation Dès lors, les jeunes étudiantes se sont empressées d’emboîter les pas à ces travailleuses de sexes qui n’avaient pour seul objectif que la recherche de moyens pour subsister. En effet, il n’est plus un secret pour personne que la prostitution est monnaie courante au sein des universités. Que ce soit de manière détournée ou même au vu et su de tout le monde, de nombreuses jeunes filles préfèrent livrer leur corps en proie afin d’obtenir en retour de l’argent ou bien des faveurs que sont la réussite et les bourses. Une journée passée à l’Université d’Abomey-Calavi peut vous permettre de comprendre les méandres de la prostitution estudiantine. Déjà vers 16h, un nombre important de jeunes étudiantes se regroupent juste aux entrées de l’université, à la recherche d’un taxi moto (zém) ou d’un taxi. Par ailleurs, parmi elles, on peut distinguer celles là qui n’ont pas cet objectif et qui attendent bien évidemment leurs clients. Ainsi, à partir de 20h, presque tous les coins et recoins du campus sont transformés en chambre de passage. Plus remarquable encore, la majorité des hommes qui viennent assouvir leur soif de sexe auprès de ces étudiantes ne sont pas que des étudiants. Ce sont généralement des vieux vicieux, des personnes adultes qui n’interviennent plus sur le campus et qui ont bien envie de s’amuser. Avec des véhicules et motos garés par ci et là, le centre de savoir qu’est l’université perd donc de sa valeur et devient ainsi un lieu de loisir où on vient se satisfaire à satiété. Même les dortoirs ne sont pas épargnés dans cette activité.
Lorsqu’on parle de prostituée, il ne s’agit pas uniquement de celles qui se promènent aux abords des rues. On peut également y impliquer celles qui s’entourent de plusieurs partenaires à la fois. Elles sont en réalité les plus nombreuses et jouent pour la plupart, aux saintes nitouches. Alors qu’au fond, elles ne sont pas différentes des autres. Ainsi, on peut trouver une étudiante qui dispose à elle seule de trois, voire cinq partenaires qui l’entretiennent tous et avec qui elle tient des rapports sexuels. Triste n’est-ce pas ? Cependant, nous ne saurons parler de la prostitution des étudiantes sans évoquer la situation économique catastrophique qu’elles vivent
La misère au cœur du campus
En provenance de toutes les localités du Bénin, les étudiantes sont souvent très tôt abandonnées par leurs parents dès qu’elles font leur entrée dans ce monde. D’autres par contre reçoivent un peu d’aide de leurs parents. Mais, ce soutient se révèle insuffisant, à tel point que ces dernières sont obligées de se trouver des moyens pour parvenir à se libérer du joug de la pauvreté. Il faut le reconnaître, ces parents qui délaissent leurs enfants étudiantes estiment qu’elles sont déjà assez grandes et peuvent donc se débrouiller toutes seules, ce qui n’est pas évident. Il y en a même qui s’inscrivent à l’université contre la volonté de leurs géniteurs. Celles là, par exemple doivent payer toutes seules les frais d’inscription, et autres besoins ; tout ceci sans le soutien des parents. Parmi ce groupe d’étudiantes on retrouve alors, celles qui préfèrent vendre leur corps pour subvenir à leurs besoins. C’est le cas de chantale, une jeune fille que nous avons rencontrée et qui a bien voulu se confier à notre plume. " cela fait environ deux ans que je m’adonne à cette pratique . Je n’avais pas le choix puisque c’était la seule solution de s’en sortir lorsqu’on se retrouve dans ma situation. D’abord pour tout commencer, je dois rappeler que mes parents se sont opposés à mon inscription à l’université. Mon père était au chômage et seule maman faisait vivre notre famille. Ils auraient préféré que je me trouve juste après mon baccalauréat du travail afin de les aider à chaque fin de mois. Puisque je voulais malgré tout avoir ma maîtrise en science juridique, je leur ai tenu tête et me voilà à l’université. Depuis lors, mes parents ne savent même pas comment je réussis à me déplacer, encore moins comment je vis. A part le repas du soir autour duquel on se retrouve tous, le reste c’est mon affaire. Entre temps, je me suis rendu compte qu’il existait un groupe de filles comme moi qui font le commerce de leur corps, ce qui leur rapporte chaque fois de quoi vivre. Après maintes réflexions, j’ai tôt fait de m’ajouter au lot. J’avoue que ce fut très difficile, d’abord m’intégrer et ensuite me livrer à tout le monde. Mais c’était ça ou rien " A l’instar de chantale, plusieurs autres étudiantes doivent joindre les deux bouts en s’adonnant à la prostitution. Néanmoins, on peut encore retrouver certaines étudiantes qui , pour avoir vu faire leurs amies choisissent elles aussi de le faire car elles estiment que c’est une activité qui rapporte assez d’argent.
La prostitution : une source de réussite
" La réussite à tous les prix " dit-on. Et c’est justement la raison qui pousse de nombreuses étudiantes à offrir leur corps à certains professeurs qui n’hésitent pas, à en profiter autant qu’ils le peuvent. En fait, dans le souci de passer en classe supérieure et de bénéficier des bourses ou des secours, ces jeunes filles comptent sur leur charme pour embobiner les professeurs. Et puisque la chair est faible, ces derniers se laissent séduire très facilement, car ils ont la possibilité de satisfaire leur libido. En récompense ils permettent à ces filles de réussir en leur donnant de bonnes notes ou en intercédant auprès de leurs collègues pour obtenir le passage en année supérieure de leurs protégées
A l’opposé des hommes, les femmes se raccrochent à leur sexe pour s’en sortir
’’Sauve qui peut’’. Dans cette vie où ’’le meilleur gagne’’, les "étudiantes ont choisi leurs méthodes qui leur permettent sûrement d’avoir gain de cause. Le sexe est ainsi exposé à qui veut et à qui peut. Juste pour joindre les deux bouts, le sexe ne peut être donné à une seule personne. Ainsi nombreuses sont-elles à avoir de multiples partenaires qu’elles ne cessent de changer. Comme l’on dit : une hirondelle ne fait pas le printemps, de même un seul homme ne peut gérer et assurer l’avenir d’une étudiante. Ainsi une étudiante peut avoir jusqu’à 15, 20, voire 30 partenaires. Et tout ceci, juste pour arriver à finir ses études et être dans la pleine jeunesse.
Une porte ouverte au VIH/SIDA
Les études de cas fournissent de riches informations sur les normes et pratiques liées à la vie sociale et sexuelle sur le campus universitaire. Elles font clairement ressortir que la culture de la vie de campus semble un terrain ambivalent, voire ouvert à l’habitude de se faire entretenir, aux expériences sexuelles, à la prostitution sur le campus, aux rapports sexuels occasionnels non protégés, à la violence contre les femmes, aux partenaires multiples, et autres activités similaires à haut risque. Dans le contexte du VIH/SIDA au sein des communautés estudiantines aujourd’hui, cette culture constitue un danger de promotion du risque . Par conséquent, la cité universitaire doit être considérée comme une structure à haut risque pour la transmission du VIH. Les rapports sur la vie sociale des étudiants sur le campus sont également empreints de préoccupations concernant le statut de soumission des étudiantes, et en particulier leur incapacité à négocier soit l’absence de rapports sexuels soit des pratiques sexuelles plus sûres. Les services liés au VIH/SIDA dans les universités sont principalement axés sur les étudiants. En outre, ils sont essentiellement concentrés au niveau des centres de santé. Ils offrent principalement de l’information, un mode de prévention, quelques traitements, et un peu de conseil. Ils ne semblent pas avoir une approche très globale, que ce soit dans leur portée ou leur couverture. Bien qu’ils ne soient pas officiellement restreints aux étudiants, ils ne semblent pas s’étendre suffisamment au personnel, qui lui aussi est concerné.
Causes et conséquences de la prostitution en milieu universitaire
Mme Emilia Azalou Tingbé répond : "certaines de ses filles pensent retrouver chez chacun de leurs partenaires l’affection parentale"
La prostitution, c’est l’acte par lequel une personne consent à des rapports sexuels contre de l’argent. C’est-à-dire que, le sexe est au centre de la relation entre ces personnes. Ainsi définie, la prostitution est pratiquée sur des sites assez variés dont le campus universitaire. Les raisons sont aussi bien d’ordres économiques que psychoaffectives. Chez nous au Bénin, dans de nombreuses familles, lorsque l’enfant a le baccalauréat, ses parents le " libèrent " en quelque sorte de leur " domination " et le laisse se débrouiller. Ainsi comment veut-on qu’il se débrouille alors qu’il va à l’université, haut lieu de savoir pour étudier. Et quand on sait c’est là que se forme la vraie personnalité de l’homme intellectuel. Et les filles qui sont souvent sujette à cette situation sont celles qui sont hébergées dans les résidences universitaires c’est-à-dire les cabines.. la catégorie d’homme le plus souvent actif à l’endroit de ces filles sont des hommes mariés occupant de hautes fonctions donc qui ont assez de moyens pour subvenir aux besoins des étudiantes. Ils sont souvent plusieurs pour la même fille qui a elle aussi son petit ami qui l’attend dans une autre ville ou dans la même ville , mais qui n’a pas assez de moyens matériels et financiers. .en ce qui concerne le plan psychoaffectif, il y a des parents qui n’arrivent à consacrer beaucoup de temps à leurs enfants surtout en moins de sept ans. Alors que ces derniers ressentent le besoin de les avoir près d’eux. le vide affectif se sublime donc en un dévire qui peut être chez certaines personnes l’insatiabilité sexuelle. Donc , à partir de l’adolescence ces enfants pensent retrouver chez chacun de leurs partenaires le papa ou la maman qu’ils n’ont presque pas eu. or l’affection d’un partenaire ou conjoint est loin d’être identique à celle parentale. Conséquence ; les études sont laissées pour compte par manque de temps c’est-à-dire que ces filles consacrent très peu de temps à leur études occupées à répondre ou à préparer les rendez vous de l’un l’autre partenaire. elles passent des années sur le campus sans avoir le minimum de diplôme allant d’une faculté à une autre. Elles sont sujettes aux maladies sexuellement transmissibles parce qu’elles n’utilisent pas toujours le préservatif. Pour finir, ces filles n’arrivent pas toujours à être fidèles dans leurs foyers plus tard. "
Halte à la prostitution !
Tout comme on peut l’imaginer, le campus universitaire est un lieu de savoir et non de perdition. En d’autres termes, ce serait mieux si ces jeunes filles qui se livrent à la prostitution prennent conscience et réfléchissent autrement. Elles peuvent par exemple chercher de petits jobs parallèlement pour pouvoir joindre les deux bouts, ou simplement accepter sortir avec un seul partenaire. c’est vrai que ce n’est pas facile mais lorsqu’il y a la volonté et un peu de détermination elles y arriveront. La prostitution est certes un moyen de survie, mais il convient à ces étudiantes de penser à leur honneur, leur dignité, bref tout ce qui fait d’elles une vraie femme. La vraie femme c’est celle qui respecte son corps, qui ne se laisse pas à tous venants. Prise de conscience donc et surtout halte au travail de sexe !
Publié le 16 mars 2006 par Mylène AMEGNIKOU, Hortense LOKOSSOU