BENIN – Bourse et corruption !

Bourse de formation des élèves inspecteurs de douanes au Maroc
Contestation des résultats pour violation des textes

Source : Nation
http://www.gouv.bj/presse/lanation/
Edition du mercredi 22 juin 2005

Le 27 mai dernier, la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) a organisé un test de sélection d’élèves inspecteurs, devant bénéficier d’une formation de 9 mois au Maroc. Les résultats dudit test ont été proclamés le même jour et les personnes appelées à bénéficier de la bourse ont été désignées. Seulement, nombre d’irrégularités et de zones d’ombre ont entaché l’organisation de ce test et la proclamation des résultats. Ce qui fait penser que demain n’est pas la veille du jour où les magouilles prendront fin à la douane…

Le décret N° 94-224 du 12 juillet 1994 portant critère d’attribution des bourses de stages, notamment à l’étranger, oblige en son article 2, les agents permanents de l’Etat, désireux de postuler auxdites bourses, à remplir certaines conditions précises. Il s’agit de l’obtention de l’avis motivé du département utilisateur, de l’accomplissement de 5 ans de services effectifs au minimum, et aussi de l’obligation d’être à plus de 5 ans de la retraite.

Or, dans sa note de service datée du 25 mai 2005 et portant en objet : « Personnel : Test de sélection d’élèves- inspecteurs », le directeur général des Douanes et Droits indirects, Charles Adékambi, a visé seulement deux conditions à remplir par les postulants.

Il fallait seulement, aux termes de ladite note, être titulaire d’un diplôme de maîtrise ou d’un diplôme reconnu équivalent, et être à plus de 5 ans de la retraite. Comme on peut déjà le remarquer, la note de service de Charles Adékambi ne prend pas en compte l’obligation d’avoir accompli les 5 années de service effectif. Et, avec le recul, on s’aperçoit que c’était vraisemblablement à dessein.Anguilles sous roche

25 candidats ont composé le 27 mai 2005. Après la proclamation des résultats, le même jour, les 5 « heureux » élus pour aller suivre la formation ont été connus.

Il s’agit de Moumouni Gabi (1 er avec 13,40), Daouda S. Moussa (2 e, avec 13,00), Idrissou Imorou (3 e, avec 12,20), Adamou S. Boukari (5 e, avec 11,30) et Richard E. Leke (4 e, avec 11, 60). Quand on considère cette liste, on se rend compte que, en dehors du 4è Richard E. Leke qui a pris service le 03 janvier 1994 et qui remplit donc le critère de 5 ans de services accomplis, tous les autres n’ont pris service que le 29 octobre 2001. C’est dire qu’à ce jour, ils ne totalisent même pas quatre ans de service !

Et ce n’est pas tout. Comme par hasard, ces quatre bienheureux proviennent curieusement tous du même département et mieux, de la même ethnie alors que le critère d’équilibre régional sur fond de quota a toujours été savamment utilisé pour les concours à la douane. Et même pour le 4 e sur la liste, Richard E. Leke, qui remplit bien les conditions du décret, il faut se demander, sans lui dénier les compétences nécessaires à la réussite, si la présence de son parent, (son frère de même père selon certaines sources), au poste de chef secrétariat du test, n’explique peut être pas un peu qu’il ait eu le bonheur de figurer sur la liste des admis. Le secrétariat, il faut le souligner, était chargé des questions d’anonymat, du report des notes, du calcul des moyennes et de la rédaction des procès-verbaux d’examen et de délibération.

Par ailleurs, nous disions plus haut que des actes avaient été posés à dessein. Tenez, la note de service annonçant le test a été publié le 25 mai 2005. Or, comme par enchantement, c’est ce même jour que le nommé Moumouni Gabi, obtenait sa maîtrise. Et pour en rajouter à l’enchantement, c’est lui qui sera reçu 1 er au test. Autrement, suivez mon regard…

Toutes ces coïncidences trop flagrantes n’indiquent-elles pas qu’il y a de grosses anguilles sous roche ?

Ne pas se laisser faire

En tout cas, le collectif des 20 autres candidats n’entend pas subir en silence. Dès le 07 juin 2005, il a saisi par écrit le directeur général de la douane pour un recours administratif préalable. Dans ce recours, les requérants ont relevé les irrégularités contenues dans la note de service du 25 mai et ont invité Charles Adékambi à « réparer cette illégalité patente en rapportant ladite note de service, notamment en ce qui concerne les conditions d’inscription…. ». Le même jour, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative, a été saisi d’une « dénonciation pour fraude à la loi » qui ne vise autre chose que l’invalidation de la candidature des admis qui ne remplissent pas toutes les conditions du décret N° 94-224 du 12 juillet 1994.

Un peu plus tard, soit le 16 juin, le même ministre était destinataire d’une nouvelle lettre des « victimes », portant « dénonciation d’irrégularité ». Dans cette lettre, ils soutiennent que la liste des 5 personnes retenues a été transmise avec précipitation au Maroc, en dépit des irrégularités.

Les présumés victimes s’apprêteraient aussi à saisir la chambre administrative de la Cour suprême après avoir écrit à la cellule de moralisation, à la présidence de la République, au ministre des Finances et de l’Economie dont ils attendent toujours les réponses pour que le droit soit rétabli. Qu’attendent donc les autorités pour faire respecter les textes ?

Comme qui dirait, la douane est le haut lieu de la corruption et de la magouille. Souhaitons simplement que qui de droit prenne ses responsabilités, pour éviter à la corporation de continuer à traîner cette triste réputation.

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI

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