Une sélection en première médecine? Oui mais…
Monique Baus
Mis en ligne le 27/08/2004
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Les réactions se succèdent, après l’annonce du retour probable d’un filtre en première année de médecine.
Satisfactions de principe mais inquiétudes de fond.
«Les étudiants devraient être fixés au plus tard un an après le début de leurs études, et non en fin de parcours comme c’est le cas actuellement», nous précisait la ministre de l’Enseignement supérieur, Marie-Dominique Simonet. «Nous devons nous inscrire dans le cadre des décisions de la Commission fédérale de planification qui délivre un certain nombre de numéros Inami indispensables à l’exercice d’une médecine curative. Il ne peut pas y avoir plus d’étudiants diplômés que d’agréments disponibles.» Pierre Demaret, le président du Conseil des recteurs francophones (Cref) et recteur de l’ULB, se réjouit du principe. «Mais comment va-t-on faire pratiquement?», ajoute-t-il. Et de faire trois commentaires. Primo, sur la difficulté de respecter le quota fédéral. «Si on garde le nombre d’étudiants exactement correspondant, on sera en dessous du quota. Si on prévoit une marge de réserve, on risque à nouveau le surplus.» Secundo, sur une nécessaire harmonisation au niveau du pays. «La même sélection au Nord et au Sud du pays me semblerait logique.» Et tertio, sur le débat de fond dont on ne fait pas l’économie. «Je ne suis pas convaincu qu’il y ait pléthore de médecins en Belgique. Au contraire, on commence même à constater des signes de pénurie. Un problème que risquent d’aggraver les pénuries avérées dans certains pays voisins comme la France, qui vient chercher des médecins chez nous.» De son côté, le doyen de la Faculté de médecine de l’UCL, Jean-Jacques Rombouts, préfère réserver ses commentaires après sa rencontre avec la ministre.
Vers un monitoring complet
«Toutes nos tentatives ont échoué pour faire augmenter le quota Inami», rapporte Pierre Guerriat, du comité «Numerus clausus-parents». «Il est clair qu’on ne peut pas mener les étudiants et leurs parents par le bout du nez pendant trois ni sept ans, et qu’à partir du moment où l’on maintient des quotas, il faut sélectionner les étudiants.» Deux inquiétudes quand même. A propos, d’abord, du contexte européen. «La question doit être réglée au niveau européen, car les diplômes étrangers, eux, reçoivent automatiquement l’agrément Inami!» Et concernant, ensuite, le choix de la sélection. «Nous préférons la fin de la première année au début. Pour nous, un examen d’entrée avantage trop les familles les plus aisées qui peuvent financer des super préparations.» Même avis du côté des étudiants. «Un examen d’entrée favorise les plus nantis», répète Benoît Du Champs, de l’Unecof (l’Union des étudiants francophones). «C’est la raison pour laquelle la sélection avait autrefois été placée en fin de troisième année.» A l’Unecof, le dossier est à l’ordre du jour d’une importante réunion planifiée début octobre. «Jusqu’ici, nous défendions l’idée d’une sélection au terme d’une première année commune avec d’autres études, permettant aux étudiants qui ne poursuivraient pas dans cette voie de bifurquer sans avoir perdu un an.» Beaucoup moins d’enthousiasme du côté de la FEF (Fédération des étudiants francophones). Sa présidente, Mathilde Collin, qualifie l’intention d’adapter les études à l’offre Inami de «solution de facilité à court terme», répète que «la pénurie de médecins à l’échelle mondiale est criante» et réclame que le débat soit porté au niveau européen. Au cabinet du ministre fédéral de la Santé Rudy Demotte (PS), enfin, on se réjouit de cette position «qui favorisera le retour du calme et permettra, sans invectives communautaires, de se concentrer sur le vrai débat: le quota de médecins. Un monitoring le plus complet possible sera notamment réalisé pour savoir précisément qui exerce en Belgique ou à l’étranger, et donc tenter de récupérer des numéros Inami qui ne seraient plus utilisés».
© La Libre Belgique 2004
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