Belgique : Un étudiant camerounais séquestré à Bruxelles
Après un voyage au pays, les autorités belges lui refusent le retour, l’ambassade du Cameroun résignée.
C’est le lundi 06 avril dernier que le cauchemar de Rudy Nzimo, 27 ans, a commencé. De retour d’un séjour au Cameroun, le jeune étudiant inscrit en 5ème année à l’Université libre de Belgique (Ulb) en faculté de polytechnique où il est en dernière année en spécialisation télécommunications, est retenu à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem par le contrôle des frontières. Ahuri, le jeune homme apprendra ce jour là et selon une information diffusée par le site brukmer.bé, que les contrôleurs belges estiment que ses "oreilles" et "ses yeux" ont changé. Malgré des preuves données par son frère et ses amis sur le fait que Rudy était bien sur le territoire depuis 8 ans (photos, cartes d’étudiants, objets personnels et autres), les policiers campent sur leur position.
Ceci, bien qu’ils reconnaissent que le passeport est bien valide.
Ils estiment cependant que le jeune homme en face n’est pas celui qui figure sur le passeport. Cette photo date néanmoins de plus de 8 ans, date de fabrication du passeport. Ce qui courrouce ses amis et camarades : "C’est vraiment ridicule. Je suis une ancienne camarade de Rudy. Moi aussi j’ai eu à faire mon passeport a 16 ans juste après le baccalauréat. Aujourd’hui j’ai changé d’apparence et c’est la même chose pour Rudy. Et ça aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous, on a tous fait nos passeports avant de venir en Belgique, les photos datent donc pour la majorité d’entre nous d’au moins de dix ans. On est des adultes maintenant, avec en moyenne dix kilos en plus. Devons nous tous commencer à craindre de rentrer sous peine de ne pas pouvoir revenir? ", S’interroge un de ses camarades sur le forum ouvert à l’occasion sur brukmer.be.
En deux jours, et à l’instigation du frère du jeune homme, toujours en détention dans la zone de transit de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, et des amis, une mobilisation toute aussi s’est faite dans le but de bloquer la procédure accélérée de rapatriement. Objectif momentanément atteint puisqu’un recours a été accepté offrant 7 jours pour convaincre l’administration belge de son erreur.
Ce d’autant que, alors que la famille et les amis de la victime aient présenté des documents prouvant que le jeune homme est bel et bien sur le sol belge depuis 2001, les responsables belges affirment que les empreintes de Nzimo ne correspondent pas à celles figurant sur sa carte d’identité camerounaise. Ce que dénient les personnes mobilisées autour du jeune homme: "Foutaise! Suite à la demande de l’avocat, Maître Hugues Dotreppe, cette comparaison n’avait pas été faite. C’est suite à la médiatisation de l’affaire, que cette annonce lourde de conséquence a été faite le lendemain. Une contre expertise sera demandée par son avocat qui soupçonne une intox.
De source anonyme, l’office des étrangers aurait affirmé à un ministre belge de bonne volonté venu faire pression que tout le dossier du jeune camerounais serait truffé de faux, question de se débarrasser des pressions."
Interpellé, l’ambassadeur du Cameroun en Belgique semble résigné. Cité par notre source, il confie: "nous n’avons pas d’autorité pour agir autrement… Je sais ce que j’ai à faire, j’ai fait ce que j’avais à faire. […] laissons faire la justice" M. Evina a certifié avoir contacté le responsable de la police de Zaventem, puis le directeur général de l’office des étrangers qu’il n’a malheureusement pas pu joindre, car celui-ci se trouvait en vacance. A la question de savoir si l’ambassade du Cameroun porterait plainte au cas où Rudy Nzimo sortirait de cette impasse, l’ambassadeur aurait répondu qu’"un cas similaire est arrivé il y a quelque temps, j’ai fait des revendications et j’ai obtenu une audience au près du directeur du protocole belge qui est devenu mon interlocuteur direct.
Un travail est entrain de se faire pour éviter ces problèmes à l’avenir." Une autre manifestation a été organisée vendredi, 10 avril, devant le palais de justice de Bruxelles à 12h. En attendant le verdict de la cours mercredi prochain, 15 Avril, les camarades de Rudy continuent le combat et toute la communauté estudiantine camerounaise en Belgique est en alerte. Ils affirment en effet qu’au vu "de la situation, on ne pourra accepter un quelconque arrangement en dehors de sa libération immédiate". Ce d’autant que, les congés de Pâques vont bientôt s’achever, et c’est la période des examens qui s’ouvrira bientôt, dans moins d’un mois, alors que Rudy Nzimo est dans sa dernière année d’études, et il doit avoir un impératif immédiat et plus strict, pour rentrer son mémoire.
D.E.
13/04/09
http://www.quotidienmutations.info