Annulation du visa d’entrée au Maroc pour les Algériens : la presse algérienne salue l’initiative Royale
01.08.2004 | 17h29
La presse algérienne paraissant dimanche a salué l’initiative de S.M. le Roi Mohammed VI de supprimer le visa, imposé en 1994, pour les citoyens algériens. Tous les journaux algériens ont relevé que la décision Royale de lever le visa participe d’une volonté sincère et déterminée du Maroc d’inscrire ses rapports avec l’Algérie voisine dans une dynamique nouvelle, au service du rapprochement entre les deux peuples maghrébins frères.
Ainsi, le journal «La Tribune» précise qu’«avec l’annulation du visa d’entrée au Maroc pour les Algériens, décision prise sur hautes instructions du Roi Mohammed VI, c’est vraisemblablement un pas significatif dans le processus de la normalisation des relations algéro-marocaines, telle que souhaitée et exprimée dans les dernières déclarations des hautes autorités des deux pays».
Quant au journal «Liberté», il écrit : «l’Algérie et le Maroc viennent de signer, à titre officiel et de façon palpable, l’acte premier de leur laborieuse entreprise de réchauffement diplomatique». Le journal ajoute que «la décision du Souverain chérifien est un acte positif dans le cadre de la consolidation des relations bilatérales (…)
Par ce geste, Rabat veut confirmer ses bonnes intentions». «Liberté» note que «depuis l’accession de M. Bouteflika au pouvoir, en avril 1999, et l’accession du Roi Mohammed VI au trône, en juillet de la même année, les intentions de bonne volonté réciproques ont succédé à des accusations unilatérales en tout genre».
De son côté, «Le Soir d’Algérie» considère que " le geste du Royaume chérifien s’interprète, du moins ainsi le perçoivent nombre d’analystes, comme l’expression d’une volonté à transcender la crispation dans la relation bilatérale ". Le journal souligne que " la décrispation de la relation algéro-marocaine, souhaitée d’un côté comme de l’autre, est, par ailleurs, rendue nécessaire par une coopération maghrébine intégrée qu’induira inévitablement le partenariat engagé avec la communauté européenne. Mais aussi par des perspectives maghrébines communes déjà dessinées. Entre autres, la réunion, l’automne prochain à Paris, des ministres de la Défense des quatre pays du sud de l’Europe (France, Espagne, Italie et Portugal) et ceux des trois pays maghrébins (Algérie, Maroc et Tunisie).
Il est vrai, cela dit, qu’entre Alger et Rabat il restera encore de l’effort à fournir avant que le rapprochement n’intègre le domaine du tangible ". Pour sa part, " L’Expression " a indiqué que " la date choisie par Mohammed VI pour annoncer sa décision est hautement symbolique, puisqu’il s’agit du 5e anniversaire de son intronisation. Mis à part les aspects commerciaux, économiques, humains, touristiques induits par une telle décision, on est plutôt enclin à se demander ce qu’il en est de l’idéal maghrébin ". Le journal commente : " Aujourd’hui, on peut penser que malgré les vicissitudes du temps, l’idéal maghrébin existe réellement.
Tous les arguments militent en faveur d’une telle option : l’histoire, la culture, la proximité géographique, les nécessités du commerce et de l’économie.
Les mutations que subit la scène internationale font que l’Etat national est incapable seul de faire face aux défis de la mondialisation. Les regroupements régionaux sont devenus incontournables. Mais il reste à savoir si les leçons du passé ont été retenues ". Selon M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d’Etat, ministre algérien des Affaires Etrangères, la décision Royale s’inscrit dans le cadre de la " concrétisation des liens d’amitié et de fraternité entre les deux pays ".
" Le message adressé par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika au Souverain marocain, Mohammed VI à l’occasion du 5ème anniversaire de son accession au trône, a contribué à faire avancer les choses entre l’Algérie et le Maroc ", a noté M. Belkhadem. Concernant l’annulation du visa pour les citoyens marocains devant se rendre en Algérie, M. Belkhadem a affirmé que la décision de l’Algérie sera connue ultérieurement. Dans cette optique, le " Quotidien d’Oran " affirme que " l’Algérie se retrouve aujourd’hui dans la situation d’un pays qui doit "répondre". Il s’agit soit de réagir par la réciprocité et de lever l’obligation du visa d’entrée en Algérie pour les Marocains, soit de garder le silence ou enfin de répondre plus franchement par l’ouverture des frontières fermées depuis 1994 ".
D’après le journal " Liberté ", Abdelaziz Belkhadem aurait affirmé, que le sommet entre le chef de l’État et le Souverain chérifien ne pouvait se tenir ailleurs qu’en Algérie ou au Maroc. Car seul un sommet présente la probabilité d’un début de règlement des questions de fond entre les deux pays. La suppression des visas est susceptible, à terme, de préparer la rencontre suprême. Et la réouverture des frontières serait alors à l’ordre du jour. Pour le moment, " les commissions consulaire et économique continuent leurs travaux et la préparation de la visite du Premier ministre marocain à Alger est le seul événement annoncé pour les prochaines semaines ", nous informe " La Tribune ".
El Mahjoub Rouane
Source : http://www.lematin.ma