Afrique du sud: Assassinat de Lucky Dube

Afrique du sud: Assassinat de Lucky Dube

Said Penda
BBC Afrique Johannesbourg

L’Afrique du Sud sous le choc après le meurtre, jeudi soir, de l’idole de nombreux Sud-Africains. Lucky Dube a été tué hier, lors de ce qui apparaît comme une tentative de braquage pour lui voler sa voiture.
Le choc est tel que certains appellent à la réintroduction de la peine de mort alors que la police annonce avoir lancé une vaste opération pour retrouver les auteurs de ce meurtre.

Il était un peu plus de 21h00, hier, quand la voix s’est éteinte à jamais, mais ce n’est que tard dans la nuit que la presse a appris la mort de Lucky Dube.

Il est né il y a 43 ans, le 3 août 1964 dans un hôpital de la province de Mpumalanga, à l’Est de Johannesbourg. A l’âge où ses amis s’inscrivent à l’école, il devient lui apprenti-jardinier, sa mère très pauvre n’ayant pas les moyens de l’envoyer à l’école. Avec quelques années de retard, le jeune Lucky Philippe Dube, qui n’a jamais connu son père alcoolique, comme on peut le lire sur son site Internet, entre finalement à l’école où il est un élève au dessus de la moyenne. Mais c’est surtout sa voix qui le fait remarquer dans la chorale de l’école.

Dans un environnement où Rasta se confond avec la consommation de drogues, Lucky Dube était un modèle. Il n’a jamais flirté avec la drogue, ne fumait pas et ne buvait pas d’alcool. Le rastaman sud-africain, et certainement le plus connu du continent, débute dans un orchestre de musique zouloue, avant d’adopter définitivement le reggae en 1984, une musique engagée à travers laquelle il dénonce l’apartheid, le régime de ségrégation raciale alors en place dans son pays.

Durant ses vingt ans d’une carrière qui a débuté en 1979 alors qu’il a à peine 18 ans, Lucky Dube a enregistré 20 albums. Son dernier tube, ‘Respect’ s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires selon sa maison de disques. L’émotion dès l’annonce de sa disparition est très grande dans tout le pays. Le parti au pouvoir, l’ANC a dénoncé dans un communiqué publié dans la mi-journée "un acte lâche" et a sommé les services de sécurité, de "tout faire pour mettre la main les coupables’. Un autre parti politique, le Parti de la Démocratie Chrétienne Africaine a appelé à la "réintroduction de la peine de mort" pour punir sévèrement les auteurs de ce crime. Ce sont tous les Sud-africains qui pleurent cette voix qui ne mourra certainement jamais dans leur cœur.

Les condamnations se sont multipliées tout au long de la journée, pour un crime qui endeuille la population à un moment où tout le pays était mobilisé derrière les Springboks, l’équipe nationale de Rugby qui affronte samedi l’Angleterre en finale de la Coupe du Monde.

Source:
http://www.bbc.co.uk
19/10/07

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